La légende de Nounours à Saint-Laurent-de-Cerdans

Dimanche 23 mai 2013

Ce dimanche matin, il faisait très beau dans les Pyrénées-Orientales, le ciel était d'un bleu parfait. J'ai dit à mon pilote que nous ne pouvions pas rester enfermés par un si beau temps. Noutnoute fait ses petites balades dans le centre historique d'Arles-sur-Tech, jamais bien loin, elle rentre assez vite... Canard a également testé des sorties, mais ultra-rapides. «Mraôôouf ! On est bien mieux à l'intérieur !» Nous sommes donc allés à Saint-Laurent-de-Cerdans en prenant un tronçon de la route de Prats-de-Mollo avec moi, Nounours le motard. Mon pilote allait un peu mieux qu'hier et avant-hier, il n'y avait pas de vent -il a vérifié ce matin en allant faire les courses, Noutnoute et Canard n'avaient plus de Ronron-, une journée idéale pour explorer la route de Saint-Laurent-de-Cerdans, en face du Pic du Canigou, que je ne connaissais pas. «Les panoramas doivent être magnifiques !» ai-je dit à mon pilote. Moi, Nounours, j'étais déjà fin prêt sur ma moto à 6 heures du mat. «C'est trop tôt Nounours...» me dit mon pilote. «Nous partirons vers 10 heures quand je rentrerai des courses...» Vers 10 heures, nous sommes effectivement partis visiter cette ville là-haut dans la montagne. Quels panoramas ! Il y en a des ponts. Je voulais qu'on s'arrête pour les prendre tous en photos mais mon pilote ne m'a pas obéi, «si on veut être rentrés avant minuit, on ne peut pas s'arrêter partout...»


En montant vers Saint-Laurent-de-Cerdans (en catalan, Sant Llorenç de Cerdans), nous avons fait une pause à La Forge del Mitg (La Farga del Mig), un village avant Saint-Laurent-de-Cerdans. Les vues sur le Pic du Canigou, ou plutôt tout le massif du Canigou, sont superbes... Si la route est très bonne, les précipices le sont aussi. Mais j'avais ordonné à mon pilote de manger avant de partir, il a moins eu le vertige. En début d'après-midi, le vent s'est levé, oh, un petit vent tout à fait supportable pour sa mécanique HS. Le ciel s'est couvert sur le Canigou. J'ai eu une légère inquiétude, il y avait un vide-grenier à Saint-Laurent-de-Cerdans, d'ici qu'il trouve un Nounours plus grand que moi, il serait capable de me remplacer. J'ai eu un succès phénoménal (comme d'hab !) à Saint-Laurent. Déjà qu'il doit saluer tous les motards en roulant (il y en avait énormément ce dimanche, et venus de partout), il doit maintenant répondre à ma place (j'ai les gants occupés à tenir ma guitare) aux gens à pied qui me font de grands saluts... Puis, nous sommes redescendus vers Arles-sur-Tech, nous avons encore visité un pont sur une petite route après La Forge del Mitg, un petit détour salutaire puisque nous avons cassé une petite croûte dans la forêt près du pont (il n'est même pas tombé en vrille en passant dessus avec la Kawa. Quel est ce miracle ? La route est très étroite sur ce pont)... Nous sommes enfin arrivés à Arles-sur-Tech et nous nous sommes arrêtés à une terrasse au croisement du haut d'Arles. Là, j'ai savouré un triomphe plus phénoménal que d'habitude. Je suis bien Nounours Superstar, l'ours des légendes des Pyrénées et du Canigou. On m'a pris en photo sous tous les angles, nous avons rencontré un monsieur ami d'un auteur ayant commis des ouvrages sur l'ours des Pyrénées qui a une collection de nounours (600 je crois) tous mis en scène (1).

Saint-Laurent-de-Cerdans est une commune située dans le département des Pyrénées-Orientales. La ville est nichée à une altitude 700 mètres dans la verdure dans le Haut Vallespir, à 18 km d'Arles-sur-Tech, dans un site magnifique entouré de collines plantées de châtaigniers, de hêtres et de chênes... Le lieu-dit de Cerdans est seulement apparu en 1168 ("Le Mas de Cerdans"). Saint-Laurent-de-Cerdans n'était encore qu'un mas doté d'une église, l'église Saint-Laurent. Le village était une annexe de Sainte-Marie-de-Coustouges qui, dès 1011, dépendait de l'abbaye d'Arles-sur-Tech. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la situation frontalière (avec l'Espagne) du village en faisait une zone d'échanges (illégaux). C'est grâce à la contrebande que se sont se développées les industries de l'espadrille et du tissu, industries qui ont fleuri jusqu'en 1950. Au début des années 1900, Saint-Laurent-de-Cerdans a connu jusqu'à 3 000 habitants (une petite ville importante pour l'époque), en 2010, la commune comptait 1 275 habitants...

(1) La fête de l'ours se déroule fin février dans le Haut Vallespir, à Prats-de-Mollo, Arles-sur-Tech et Saint-Laurent-de-Cerdans. Cette fête traditionnelle ouvre les festivités du Carnaval. Selon la légende, un ours a enlevé une jeune bergère. Traqué par les chasseurs, l'ours, après s'être vaillamment défendu, fut capturé et la jeune fille fut sauvée. On ramena l'ours sur la place du village où il fut rasé. Humilié mais "plus humain", l'ours accomplit alors différents travaux et tâches pour le compte des villageois... Lors de la fête de l'ours, les jeunes hommes se déguisent en ours et parcourent la ville pour marquer les jeunes filles en âge de se marier. Capturés par les chasseurs, on leur apprend à danser, manger et boire au pourou. La fête de l'ours se déroule en une journée. Les ours d'un côté, les chasseurs et les barbiers de l'autre. Les peaux de moutons sont cousues sur les ours, les mains et les visages sont enduits de suie. Ils s'élancent dans la ville marquer de leur patte noire les villageoises. Poursuivis par les chasseurs, les ours vont ainsi courir dans la ville tout l'après-midi avant d'être capturés, enchaînés et rasés pour devenir plus "humains". Des jeunes, déguisés en vieillards, attrapent les jeunes filles en robe pour passer une bassinoire (appareil servant à chauffer les draps de lit, dans lequel on a mis à brûler des soies de porc, ça doit sentir fort le cochon grillé !) sous leur jupes... Puis, les sardanes et un repas terminent la fête...



Fin avril, l'hiver s'installe sur le Canigou

Dimanche 28 avril 2013

Décidément, ce n'est pas un temps pour balader Nounours. Il y avait des averses à Arles-sur-Tech et les températures n'étaient pas celles d'une fin avril. Il neige toujours sur le massif du Canigou à assez basse altitude. Mon pilote est allé faire un tour sur une petite route d'Arles-sur-Tech qu'il ne connaissait pas, en face du massif du Canigou. Il a ôté ses gants sur quelques centaines de mètres pour faire des photos, brrrrr ! Il faisait frisquet ! Il avait les mains presque gelées ! Je lui avais dit que le Canigou serait dans les nuages mais il voulait faire ce diaporama d'Arles-sur-Tech ce 28 avril où l'hiver est revenu après un début d'avril où les températures étaient quasiment estivales. Cette chute des températures et le retour de la neige à basse altitude a surpris tout le monde. La photo (à gauche) a été prise à l'entrée d'Arles-sur-Tech le dimanche 14 avril 2013. Est-ce le même monde (voir le diaporama) ? Pour un peu, on se serait cru dans les Alpes suisses dans les Grisons. Vers 17 heures, il ne pleuvait plus.


Et encore, dans les Pyrénées-Orientales, nous avons de la chance. Dans d'autres régions de France, la chute des températures a été bien plus importante, si ces températures de fin avril avaient été enregistrées cet hiver, elles seraient considérées comme inférieures à celles de saison. Le dimanche 14 avril 2013, il faisait très beau quand monpilote est allé se balader sur la petite route de montagne d'Amélie-les-Bains passant par Palalda. En mi-avril, c'était presque l'été, fin avril, c'est le retour de l'hiver et de la neige... La photo et le diaporama (du même Pic du Canigou à l'entrée d'Arles-sur-Tech) vous montrent le contraste du même paysage. Ce 28 avril 2013, on ne voyait pas le Canigou complètement perdu dans les nuages. En revanche, sous les nuages, on voit bien la limite de la neige tombée à basse altitude.

Le mercredi 1er mai, mon pilote est allé se balader sur la même route au-dessus d'Arles-sur-Tech en face du massif du Canigou -toujours sans moi-. Le contraste était surprenant. En trois jours, on avait l'impression d'avoir changé trois fois de planète. La route est très étroite et tout en lacets serrés. La Kawa a été à la hauteur car aujourd'hui, sa pompe à hémoglobine avait tendance à lâcher, il étouffait et ses cannes le faisaient souffrir.

Le dimanche 28 avril 2013, mon pilote avait réalisé un diaporama des paysages, en particulier du massif du Canigou, complètement dans les nuages, sous une petite pluie, où l'on voyait tout de même la limité de la neige. Le diaporama a été modifie en supprimant quelques photos et en y ajoutant celles du mercredi 1er mai. Les tours de l'abbaye sont cerclées pour vous permettre de localiser le décor où est le QG du Réveil des Marmottes. Mon pilote ne connaissait pas ces routes, il n'a osé reprendre la moto qu'en novembre 2012 en achetant cette Kawasaki Eliminator d'occasion. Personne ne pensait qu'il pourrait. Les bus à 1 € du Conseil Général sont une belle réussite mais les bus ne vont quand-même pas sur ces routes ! Il habitait un département merveilleux, les Pyrénées-Orientales, et il ne pouvait pas le visiter. Ça lui minait le moral, il a donc osé reprendre la moto et il s'en sort pas si mal pour un type qui devrait, selon les toubibs, n'être plus qu'un tas d'os desséchés.


© 2013 by Michel Mahler - Le Réveil des Marmottes


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