On
peut aimer la Catalogne et dénoncer cette barbarie
gratuite et particulièrement atroce. Faire souffrir
et tuer uniquement pour le plaisir n'est pas humain. Faire
souffrir par de tels supplices et tuer lentement pour
prendre son pied est une tare sexuelle et psychologique. La
torture à ce niveau est particulièrement
sordide. Ce sont les jeux du cirque, les taureaux ont
remplacé les gladiateurs et encore, les gladiateurs,
eux, étaient armés.
La corrida a atteint sa forme actuelle au XVIIIe
siècle. Depuis, la tauromachie a évolué
dans le sens d’une violence apparemment moins choquante. Les
chevaux sont protégés par un caparaçon,
les corridas sont "moins sanglantes, moins violentes". Au
XVIIIe siècle, le spectacle était si sanglant
que les étrangers s’étonnaient de voir des
femmes dans les gradins admirer ces boucheries. Puis,
l’abattoir devient "esthétique", la mise à
mort ou l’exécution finale se fait à
l’épée, une arme blanche noble et militaire
(plus au couteau de boucher, quoique, si le taureau ne meurt
pas après l'estocade, il est achevé au
couteau). L’épée donne son nom d’Espada au
matador. La mise à mort de la corrida est une sordide
mise en scène. Le "combat" se déroule ainsi
(pour chaque taureau): Tercios, Faena (déroulement du
combat de l'animal) et la corrida. La corrida débute,
on "humilie" le taureau, on sectionne ou on lèse les
muscles releveurs de la tête pour anéantir son
système naturel de défense. C’est le
rôle des picadors à cheval lors du premier
Tercio. Puis, pour affaiblir le taureau, on multiplie les
hémorragies en évitant de faire couler des
flots de sang pour ne pas trop rappeler l’abattoir. Les
hémorragies sont internes. Le matador laisse ses
épées de 70 cm chacune, en
général trois ou quatre, plantées dans
les blessures en guise de "bouchons" et pour montrer la
justesse des coups. Pour faire couler le sang jugé
décoratif, on pique les artères du dos de la
bête sacrifiée. Pour augmenter les
hémorragies internes, le taureau est soumis à
de brusques déplacements. La toile (lienzo) des
vachers ou des garçons d’abattoir, en principe rouge,
est un leurre en étoffe que suivent certaines races
de bovins. Le temps que met le taureau pour découvrir
la supercherie constitue l’unité de temps de la
corrida. Le taureau comprend vite, il faut donc en tuer
plusieurs pour assurer une durée suffisante au
spectacle et satisfaire le public... L’action sur la piste
dépend du taureau cherchant un refuge appelé
territoire (querencia). Son choix doit être franc ou
la pauvre bête est traitée de lâche
(manso). Les mouvements codifiés (passes) du
toréador imposent les déplacements du taureau
blessé, fatigué, agonisant lentement sous les
terribles lésions des piques, très profondes,
et les hémorragies internes. Le matador entame ses
effets spectaculaires: Il s’agenouille en tournant le dos au
taureau épuisé, blessé, agonisant et
les spectateurs l'admirent, le prenant pour un héros.
Il y a aussi la "Véronique", où le matador
présente la cape à deux mains au taureau,
comme la sainte qui a essuyé le visage du Christ
(...).
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