Molló: Nounours à la conquête de l'Espagne

Dimanche 2 juin 2013

J'étais prêt sur ma moto depuis vendredi soir, je me regardais dans les rétros de la Kawa Eliminator: «Par le Grand Grizzly, le dieu des Nounours, je suis de plus en plus beau !» me suis-je susurré à moi-même. J'ai reçu ma seconde médaille, elle est grosse, elle tape à l'œil ! Dimanche 2 juin, 7 heures du mat. Mon pilote attitré scrute le ciel. J'avais préparé le plan de vol, nous devions aller du côté de Font-Romeu, de Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales) et du massif du Carlit pour voir la station de ski rouverte (1) en ce début juin. Mais il y avait des nuages et du vent. Je me suis dit: «Il est trop destroy depuis plusieurs jours, et comme le moindre petit vent devient un cyclone pour lui, avec son vertige où même à pied il a l'impression que le sol s'enfonce dans les abîmes, nous ne sortirons pas...» Je le vis préparer des casse-croûtes et des boissons. Vers 9 heures, il vint vérifier si j'étais bien sanglé sur ma Kawasaki EL. Car comme dans un Alphajet, le pilote instructeur est à l'arrière. J'ai compris qu'il allait sortir l'Eliminator de son hangar à Kawa. La météo avait annoncé des rafales à 90 km/h. Il faisait très beau à part le vent et les nuages laissaient entrevoir un ciel bleu. À 10 heures, nous décollâmes. «Où va-t-on ?» lui demandais-je. - «À Molló, en Espagne, par le Col d'Ares !» me répondit-il.


Nous partîmes donc en direction de Prats-de-Mollo (voir le diaporama de 2011). Je lui ai conseillé de ne plus s'arrêter avant Prats-de-Mollo si nous voulions arriver en Espagne avant la fin du millénaire. En voiture ou en bus, on ne se rend pas compte où passe la route de Prats-de-Mollo. À moto, il ne faut pas avoir le vertige et le vent n'arrange pas les choses. Bref, nous faisons une pause à Prats-de-Mollo où il y avait une foire (un marché). Là, j'ai eu comme un doute. Il a vu exactement le même Nounours que moi... «Il ne va quand-même pas l'acheter ! On n'a pas le droit de monter à trois sur une Eliminator !» Bref, après quelques photos de Prats-de-Mollo, nous attaquâmes la montée du Col d'Ares en franchissant le Col de la Seille (1185 m) où nous faisons une petite halte pique-nique puis le Col de la Guille (1194 m). Plus nous montons, plus les bourrasques de vent sont fortes. Mais ça vaut le coup, les vues sur la chaîne des Pyrénées sont tout simplement grandioses. Je me demande comment il fait avec son vertige pour ne pas partir en vrille. Nous arrivons enfin au Col d'Ares (1513 m), la frontière entre les Pyrénées-Orientales et l'Espagne. «Splendide !» me suis-je exclamé. Une halte s'impose. Les panoramas sont vertigineux des deux côtés, il y a encore beaucoup de neige sur les massifs des Pyrénées (voir les photos du diaporama). Nous plongeons enfin vers l'Espagne, mon copilote reluque une station service (quasiment au col !) ouverte le dimanche. «Nous nous arrêterons au retour...» me dit-il, le détour pour rejoindre le Col du Perthus par l'Espagne a été annulé à cause du vent. La descente du col côté Espagne a été dure, les bourrasques étaient violentes. Nous arrivâmes à Molló en Espagne où nous fîmes bien sûr une pause histoire de visiter le village et de ramener quelques photos. Puis nous remontâmes le col en direction des Pyrénées-Orientales.

La montée se déroule mieux malgré le vent. Nous nous sommes arrêtés à la station où le bar était ouvert. Je lui ai conseillé le faire le plein à ras-bord: «T'as vu le prix de l'essence ici ?» - «Tu me feras penser qu'on devrait faire le plein à La Jonquera en Espagne à chaque fois où on va au Perthus...» - «Encore faudrait-il que tu me prennes avec quand tu vas au Perthus !» lui fis-je remarquer. Nous avons pris un bon café à la station avec des madeleines d'Espagne et nous attaquâmes le retour en Gaule par le Col d'Ares dans l'autre sens. Il y en avait des motards. Autant que de cyclistes ! Nous nous sommes garés avec un troupeau de Belges à moto (à la fin du diaporama) et il a fallu qu'il leur en sorte une belle: «Ça change du plat-pays et de la Belgique !» La descente vers Prats-de-Mollo a été fantastique mais la mémoire de l'appareil était saturée. Il faut qu'il s'équipe d'une mémoire de stockage de photos plus grande. Nous sommes arrivés à Arles-sur-Tech dans la soirée où j'ai savouré mon triomphe habituel. Mes nouvelles cartes de visite
et mon affiche sur papier glacé ont beaucoup de succès. Ne suis-je pas Nounours la Superstar des Pyrénées ?

Le Col d'Ares relie Prats-de-Mollo-la-Preste dans les Pyrénées-Orientales, la Catalogne française, à Molló en Catalogne espagnole. La limite entre les deux pays est matérialisée par la borne frontière n° 519 au Col d'Ares. Dès le 27 janvier 1939, durant la Retirada (retrait), 100 000 réfugiés espagnols passèrent le Col d'Ares en deux semaines et sont dirigés sur Prats-de-Mollo. Pour accueillir ces réfugiés, quatre camps furent construits dans la vallée du Tech. Le 13 février 1939, la frontière fut fermée et gardée par les soldats nationalistes espagnols du général Franco. Un panneau commémoratif au col (côté France) explique ce drame avec une photo d'époque, ces Espagnols abandonnaient tout pour fuir la dictature du général Franco.

Molló est une commune d'Espagne dans la communauté autonome de Catalogne (province de Gérone, comarque du Ripollès). Molló (en catalan) signifie en français "borne". Le dimanche 2 juin 2013, Molló fut envahie (pacifiquement) par Nounours le motard sur sa Kawasaki Eliminator.

Lors de son escapade en Espagne, en franchissant le Col d'Ares, le RdM avait censuré une image réalisée avec l'appareil photo spécial qui met des OVNI même là où il n'y en a pas. Nounours a bien vu une étrange lumière, allant du jaune à l'orange, passer dans le ciel au-dessus du Pic du Canigou. Nounours mit le zoom au maximum (représenté par une loupe sur l'image interactive) afin de suivre cet objet volant non (encore) identifié. Cela ne pouvait pas être un engin de fabrication humaine, l'objet volait trop haut et avait un comportement suspect, il accélérait ou ralentissait de façon brutale, il montait et descendait à des vitesses différentes. En cliquant sur l'image, vous verrez cette boule passer dans le ciel. Saisissez la loupe et essayez de la placer dessus, la loupe va grossir l'objet et vous aurez la réponse. L'image nette apparaît dans l'objectif. N'oubliez cependant pas que seul Nounours voit des OVNI dans les Pyrénées-Orientales. Le Réveil des Marmottes vous invite donc à la plus grande prudence et à ne pas tirer de conclusions hâtives. Même si vous croyez reconnaître un OVNI, c'est peut-être une banale soucoupe volante. Vous pouvez regarder cette lumière survoler le Pic du Canigou. Sur la photo, tout semble normal. Il faut enclencher l'image animée. Quand l'objet a passé la photo, elle se recale au début.



Prats-de-Mollo
Dimanche 10 juillet 2011

Le dimanche 10 juillet 2011, je suis allé me balader à Prats-de-Mollo en bus (les bus à 1 € du Conseil général) sans Nounours, il n'était pas encore là et je n'avais pas encore acheté la Kawasaki EL Eliminator. Surprise, une fois arrivé, c'est la foire des artisans. La ville est animée par un orchestre Dixieland qui joue aux terrasses et dans les rues. Pour un peu, je me croirais à la New-Orleans. Non, ne croyez pas que c'est bêtement une fanfare, l'orchestre ose s'attaquer au répertoire des Beatles ! Hélas, les piles de l'appareil photo ont rendu l'âme aux dernières prises lorsque je prenais l'orchestre réuni jouant sur une des places de Prats... Je vais un peu vous présenter cette charmante petite ville. Prats-de-Mollo-la-Preste est située le département des Pyrénées-Orientales dans le Haut-Vallespir. Cernée de remparts, sa vieille ville médiévale aux ruelles étroites et pavées de galets est dominée par le fort Lagarde bâti par Vauban au XVIIe siècle afin de contrôler la nouvelle frontière du traité des Pyrénées (la Catalogne du Nord, Catalunya del Nord, a été conquise par la Couronne de France sur la Couronne d’Espagne en 1659 - Louis XIV, traité des Pyrénées). Par décret du 5 juin 1956, le nom de la Preste a été accolé à celui de Prats-de-Mollo, dont elle était un hameau éloigné.


Les deux agglomérations, indépendantes, sont reliées par une route de huit kilomètres remontant la haute vallée du Tech. Prats-de-Mollo est situé à 735 m d'altitude et la Preste à 1130 m. Prats-de-Mollo-la-Preste est une station thermale, la Preste est située plus haut dans la vallée à 8 km. On peut alors se balader sur le sentier de Costabonne (2 465 m). Au bourg se trouvent l'église et le chemin couvert menant au Fort Lagarde. Des moines ont fondé une colonie agricole, Prats-de-Mollo. Son église est citée en 982. Au XIIIe siècle, la ville était séparée en deux par le Tech, la partie Nord comprenait la ville avec sa population, le château des comtes de Besalu et des autres familles dirigeantes se trouvait sur la partie sud.

À partir de 1258, après le traité de Corbeil, Prats-de-Mollo se développe sous l’impulsion du roi Jacques Ier d’Aragon. Du Moyen-Âge à la Révolution, Prats-de-Mollo est une ville royale: la seigneurie et la justice appartiennent au roi, et une justice royale ordinaire y est installée. Elle obtient ainsi certains privilèges. 1242: suppression des abus; 1245: liberté pour les personnes qui souhaitent s'installer dans la ville. 1308: possibilité d'organiser un marché hebdomadaire le samedi. La ville est fortifiée au milieu du XIVe siècle. En 1674 afin de contrôler le Vallespir, Louis XIV décide de faire construire un fort. La construction du fort Lagarde commence en 1677, faite en partie par Vauban, et se termine vers 1682. En 1938, un second pont est construit. Avant 1938, le Tech ne pouvait être franchi que par un seul pont (le pont d'Espagne). Mollo apparaît en 934, "Mollione", qui désignerait une grosse pierre servant de bornage (du latin "mutulone" et "mutulus", «pierre en saillie» et du catalan "molló"). Les deux noms, Prats et Mollo, sont associés à partir de 1385: Vallis de Pratis de Mollone (en catalan, Prats de Molló i la Presta).

La tour de Mir, tour de guet, fut construite au XIIIe siècle par Jacques 1er d'Aragon, roi de Majorque, pour surveiller la frontière de France au lieu-dit El Mir de Dalt, c'est une tour à signaux. De plan circulaire, elle comporte trois niveaux couverts de voûtes en coupole. On peut visiter les églises Saint-Juste, Sainte-Ruffine, et l'ermitage Notre-Dame-du-Coral, un lieu de pèlerinage construit au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.

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