Route des cols: Taulis, Saint-Marsal et La Bastide

Vendredi 21 juin 2013 - Mise à jour: Vendredi 9 août 2013

Les Pyrénées-Orientales sont riches en patrimoine médiéval. Partout dans les massifs, le long de ces petites routes de montagne, il y a de pittoresques villages médiévaux qu'il faut absolument visiter. Le vendredi 9 août, moi, Nounours, je suis allé aux villages Saint-Marsal et La Bastide. Villages typiques des Pyrénées-Orientales, ce sont de vraies pages d'Histoire de la Catalogne. Le progrès technologique ne les a pas dénaturés, il s'intègre admirablement avec les bâtisses médiévales. Du Col de Palomère, la Mer Méditerranée se confond un peu avec les massifs mais nous imaginions le biftecks en train de cuire sur les plages. «Dire que dans les Pyrénées-Orientales, il y a tant de choses à visiter...» - «C'est vrai Nounours. Mais il faut sortir de l'eau pour ça. Les vacanciers devraient couper leur séjour à la mer par des "journées découverte"... Ils auraient autre chose à montrer à leurs amis que la grillade et les trempettes dans la Méditerranée du matin au soir...» - «Il y a de très beaux campings dans ces villages...» - «Je sais Nounours. Tu reluques les centres naturistes qu'on croise le long de nos escapades. Ne nie pas, je t'observe dans les rétroviseurs...» - «Mais qu'est-ce moi, Nounours, j'irais faire dans un centre naturiste. Hein ?» Le vendredi 21 juin 2013, nous avions fait la moitié de la route des cols (Taulis, Saint-Marsal...) en partant d'Amelie-les-Bains mais sous la pluie. Les naturistes se mettent au sec quand il pleut. «Qu'est-ce que t'en sais. Tu y es déjà allé ?» - «Euh... Non Nounours...» - «Alors roule, tu es là pour me piloter...»


Donc, le vendredi 10 août 2013, nous voulions visiter le dolmen (de la préhistoire) et le puits à glace (du Moyen-Âge) de Saint-Marsal. Nous sommes repassés par Taulis et encore plus haut sur la route des cols, nous avons sillonné toutes les petites ruelles de Saint-Marsal. Comme mon pilote a bien du mal à se servir de ses guiboles, ma Kawasaki Eliminator est en quelque sorte ses jambes. Nous nous faufilons le plus près possible des curiosités à visiter. Nous n'avons pas trouvé de route ni de chemin -carrossable- menant assez près de ces sites. Nous avons alors passé un bon bout de temps à Saint-Marsal à la découverte de ce village médiéval pittoresque des Pyrénées-Orientales. L'église de Saint-Marsal date du XIIIe siècle.

Puis, nous avons continué la route des cols et au croisement (avant le Col Xatard), nous avons bifurqué à gauche en direction de La Bastide. La Bastide (en catalan, Bastida) est un village médiéval situé dans les Pyrénées-Orientales. Autrefois, le village s'appelait Moletum (1009), Molled (1011), Molletello (1046) et Mollet (Molletell, jusqu'à la fin du XIIIe siècle). Le nom fut modifié en 1011: Sant Miquel de Mollett (Michaelis de Molleto vel Molletello) afin d'éviter la confusion avec le village Mollet (Santa Maria de Molled) devenu l'actuel village de Montferrer. Le nom de La Bastide est apparu à partir de 1267 (Michaelis de Bastida). L'église Saint-Michel de La Bastide est une église romane située dans les vestiges du château (castell de la Bastida, 1359). La chapelle Sainte-Anne des Quatre Termes (1587) se trouve sur un plateau isolé, elle est aujourd'hui en ruines. Le château de Cristall (castellum de Cristall, 1194) est sur un piton rocheux le long du Col de Palomère (vers Valmanya). Mon pilote a pris plusieurs photos de l'intérieur de l'église pendant que je discutais avec des gens à la magnifique terrasse sur la place en face de l'église à l'ombre d'un arbre.

Après un long bivouac à La Bastide, histoire de nous balader dans les étroites ruelles de La Bastide et prendre assez de photos de ce très joli village médiéval -Saint-Marsal et La Bastide étaient littéralement envahis par les Britanniques, les Belges et les Néerlandais-, nous continuâmes notre ascension vers le Col de Palomère où les vues sur les Pyrénées sont splendides jusqu'à la Mer Méditerranée. Arrivés au Col de Palomère, il s'arrêta et me dit: «Nounours, il est déjà très tard, j'ai sacrément mal aux cannes et j'étouffe. Si nous descendons vers Valmanya, ça va nous faire trop loin, nous rentrerons largement après minuit.» - «Faisons demi-tour mais fais très attention, la route est pleine de gravillons...» - «OK Nounours...» me répondit-il. «On fera encore une pause casse-croûte entre Taulis et Amélie-les-Bains, il y a suffisamment à boire et de quoi grignoter dans les sacoches... Nous ne nous arrêterons pas à ton fan-club à Arles-sur-Tech, nous rentrerons directement à la maison, je suis lessivé...»

Le diaporama de la route des cols a été refait avec des photos de ce vendredi de Saint-Marsal et de La Bastide. Environ 80 photos ont été ajoutées ou ont remplacé celles de notre précédente balade le vendredi 21 juin 2013 sur la route des cols (Taulis, Saint-Marsal...) sous la pluie.



Nounours sur le chemin de Serrabone

Lundi 1er juillet 2013

Dimanche, tout était paré pour aller en Cerdagne à Font-Romeu et Bourg-Madame. Le plein de ma Kawasaki Eliminator était fait, j'ai passé la nuit bien sanglé sur ma moto (que je ne quitte quasiment plus). Au matin, mon pilote était dans un tel état que j'en étais persuadé: la balade dominicale serait annulée. Noutnoute et Canard sont descendus me voir, je les ai chargés d'une mission: convaincre mon pilote de sortir ma Kawasaki Eliminator et d'aller faire ne serait-ce qu'une toute petite balade, par un si beau temps, nous ne pouvions pas rester enfermés, c'est mauvais pour mon moral de Super Nounours. Il descendit avec des boissons et de quoi pique-niquer et il me dit: «Tu es bien sanglé Nounours ? Nous retournons faire la route des cols mais nous n'irons pas à Prades, il est déjà plus de midi, c'est trop tard pour aller en Cerdagne, à Font-Romeu et à Bourg-Madame...» - «Où allons-nous fidèle pilote ?» - «Faire la route des chapelles sur le chemin de Serrabone (Serrabona)...» - «Tu es devenu pratiquant ?» - «Non Nounours. Je crois au Dieu des Nounours et du cosmos, mais peu importe en quoi on croit, ces lieux ont quelque chose de magique, il faut respecter ces monuments et ceux qui viennent s'y recueillir...» Nous repartîmes donc d'Arles-sur-Tech vers la route des cols menant d'Amélie-les-Bains à Prades. Mon pilote me dit: «Nounours, nous ne nous arrêterons pas sur le versant du Vallespir, nous ferons notre première pause de l'autre côté, dans massif des Aspres, l'autre versant du Canigou, histoire de rattraper notre retard...» - «OK !» lui répondis-je.


Nous passâmes Taulis, Saint-Marsal, le Col Xatard, le Col Del Ram, le Col Del Rang et le Col Fourtou. Il y a encore de la neige au Canigou mais nous ne nous arrêtons pas, notre plan de vol prévoit une première escale à Bellpuig pour visiter la Chapelle de la Trinité. «Nounours, s'il n'est pas trop tard, nous ferons quelques pauses en rentrant pour photographier les autres ponts de la route des cols sur le versant des Aspres, ceux du côté du Vallespir, nous les avons photographiés la dernière fois sous le déluge (1)...» me communiqua mon pilote. Moi, Nounours, j'admirais les paysages pendant que nous gravissions les cols. Notre premier arrêt fut Bellpuig. La Trinité est une chapelle romane du hameau de Bellpuig (commune de Prunet-et-Belpuig) dans les Pyrénées-Orientales. Cette chapelle, au cœur du massif des Aspres, environ à mi-chemin entre Bouleternère et Amélie-les-Bains-Palalda, est sur la route départementale 618 (la jonction entre le Conflent au nord et le Vallespir au sud)... La chapelle de la Trinité était une église paroissiale (Saint-Pierre de la Serra -montagne en catalan-). Le 31 janvier 935, une église a été consacrée par l'évêque Riculf d'Elne. L'édifice date du XIe siècle (la nef septentrionale, la plus large, avec la grande abside) et fut agrandi au XIIe siècle. Au XVIIe siècle, l'église changea de nom: La Trinité. La chapelle est classée aux Monuments Historiques depuis le 12 juin 1951. La chapelle de la Trinité possède un magnifique chevet de style roman lombard à abside unique. L'église se compose de deux nefs de largeur inégale. La nef septentrionale, du XIe siècle, la plus large, est terminée par une grande abside semi-circulaire. À la fin du XIIe siècle, on lui a ajouté un demi-berceau au sud. Trois arcades en plein cintre furent percées dans l'ancien mur gouttereau, la porte méridionale forma une quatrième arche plus étroite. L'église est intégralement voûtée et bâtie en pierre. L'édifice possède plusieurs très belles œuvres: Le Christ roman datant du XIIe siècle est l'un des plus beaux des Pyrénées-Orientales (la Catalogne). Lors d'une restauration, on a trouvé, caché dans le dos du Christ, un petit reliquaire daté de 1710 contenant quelques ossements.

Puis, nous continuâmes notre route des chapelles. Nous arrivâmes à Boule-d'Amont (Bula d'Amunt en catalan), une commune des Pyrénées-Orientales, sur la route départementale 618 (l'ancienne route nationale 618). La gare la plus proche se trouve à Ille-sur-Têt (celle de Bouleternère étant fermée). Boule-d'Amont est mentionnée dès 942 (Bula), Bula Subirana en 1062 et Bula de Munt au XVIIe siècle. Bula vient du nom de la rivière Boulès qui sépare Boule-d'Amont et Bouleternère. Des vestiges mégalithiques, notamment au "Coll de les Arques" (pierres dressées) et au Cementeri dels Moros (dolmen en ruine), attestent d'une occupation préhistorique du secteur. L'église paroissiale Saint-Saturnin, un édifice roman agrandi au XVIIIe siècle, est mentionnée en 1011. Elle abrite un mobilier baroque inscrit (en partie) aux Monuments Historiques. Je pense que nous y retournerons pour visiter les gorges de Bouleternère. Nous poursuivîmes notre périple en quittant la route d'Ille-sur-Têt, nous bifurquâmes à gauche vers Serrabone (Serrabona). Une route encore plus étroite, toute en lacets très serrés et ça grimpe ! Les lacets passent au bord de ravins vertigineux, «Mon brave Nounours, pourvu qu'il ne regarde pas !» me suis-je dit... Nous arrivâmes enfin au prieuré de Serrabone où actuellement n'est pratiqué aucun culte, qui était rattaché à la Règle de Saint-Augustin jusqu'en 1592. Là, dans ce cadre superbe, nous avons fait notre petit pique-nique.

Le prieuré de Serrabone, dans les Pyrénées-Orientales, fut fondé au début du XIe siècle, il est situé dans le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du massif du Canigou, dans un paysage extraordinaire à proximité des gorges du Boulès. Il demeure encore aujourd'hui d'accès difficile. Il est surtout connu pour sa magnifique tribune en marbre du XIIe siècle considérée comme l'une des plus belles réalisations de l'art roman. La plus ancienne mention du prieuré de Serrabone date de 1069. En 1082, des chanoines de l'ordre de Saint-Augustin se sont établis dans les lieux. L'édifice est alors agrandi et embelli. La collégiale est consacrée en 1151 par l'évêque d'Elne. Le collège était mixte, il comprenait des hommes et des femmes. Des troubles commencèrent aux XIIIe et XIVe siècles. Des chanoines préféraient les maisons privatives au lieu de partager des lieux de vie commune comme le stipulait la règle. La décadence atteint un tel degré au cours du XVIe siècle que le pape a sécularisé le prieuré comme tous ceux rattachés à la règle de Saint-Augustin en Espagne. Rattachée à Solsona en Catalogne, la collégiale devient église paroissiale et tomba lentement dans l'abandon et l'oubli. Les lieux devinrent la propriété d'un particulier qui entreprit des travaux de restauration dans les années 1900 qui se poursuivirent tout au long du XXe siècle. L'église est formée par la nef de l'église de 1069 à laquelle fut adjoint un collatéral, un transept, une galerie de cloître et les absides lors des travaux d'agrandissement du XIIe siècle. L'édifice fut consacré en 1151. Au chevet, les deux absidioles du transept ne sont pas visibles, ils sont intégrées au massif de l'édifice. L'abside centrale elle est bien visible. Le cloître est accolé au côté sud de l'église, ses arcades donnent sur le ravin où se dresse le prieuré. Un petit jardin s'étend à son pied, sur une des terrasses prévues pour soutenir le prieuré. Ses arcades sont ornées de colonnes et de chapiteaux en marbre. La tribune mesure 5,60 x 4,80 mètres avec une hauteur d'environ 3 mètres. Une balustrade sculptée dominait cet ensemble sur une hauteur d'environ 1,50 mètre. Les croisées d'ogives présentes sous la tribune ne sont pas une forme primitive de voûte gothique, elles ont un rôle purement décoratif, afin de cacher la voûte d'arête les surplombant sans jamais les toucher. Une telle tribune est une forme architecturale rare, seule l'abbatiale de Cruas en possède une datant de cette époque.

On peut se promener sur un magnifique sentier botanique à étages près du prieuré de Serrabone ou flâner dans le jardin (en pente) du prieuré (où mon pilote a pis en photo l'autre côté de l'édifice avec hélas le soleil en face) mais il ne faut pas avoir le vertige, les vues sur les massifs des Pyrénées sont imprenables. Il y avait beaucoup de touristes ce dimanche sur la route des cols et au prieuré de Serrabone. Il faut quitter un peu les grands axes des vallées pour découvrir les innombrables joyaux de ce splendide département. Nous sommes rentrés assez tard à Arles-sur-Tech, nous avons fait une courte pause au bar Le Central à mon fan-club: Le "Fan-club de Nounours the Super Biker" (dernière photo du diaporama).

© 2013 by Michel Mahler - Le Réveil des Marmottes


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