Nous
passâmes Taulis, Saint-Marsal, le Col Xatard, le Col
Del Ram, le Col Del Rang et le Col Fourtou. Il y a encore de
la neige au Canigou mais nous ne nous arrêtons pas,
notre plan de vol prévoit une première escale
à Bellpuig pour visiter la Chapelle de la
Trinité. «Nounours, s'il n'est pas trop tard,
nous ferons quelques pauses en rentrant pour photographier
les autres ponts de la route des cols sur le versant des
Aspres, ceux du côté du Vallespir, nous les
avons photographiés la dernière fois sous le
déluge (1)...» me communiqua mon pilote. Moi,
Nounours, j'admirais les paysages pendant que nous
gravissions les cols. Notre premier arrêt fut
Bellpuig. La Trinité est une chapelle romane du
hameau de Bellpuig (commune de Prunet-et-Belpuig) dans les
Pyrénées-Orientales. Cette chapelle, au cœur
du massif des Aspres, environ à mi-chemin entre
Bouleternère et Amélie-les-Bains-Palalda, est
sur la route départementale 618 (la jonction entre le
Conflent au nord et le Vallespir au sud)... La chapelle de
la Trinité était une église paroissiale
(Saint-Pierre de la Serra -montagne en catalan-). Le 31
janvier 935, une église a été
consacrée par l'évêque Riculf d'Elne.
L'édifice date du XIe siècle (la nef
septentrionale, la plus large, avec la grande abside) et fut
agrandi au XIIe siècle. Au XVIIe siècle,
l'église changea de nom: La Trinité. La
chapelle est classée aux Monuments Historiques depuis
le 12 juin 1951. La chapelle de la Trinité
possède un magnifique chevet de style roman lombard
à abside unique. L'église se compose de deux
nefs de largeur inégale. La nef septentrionale, du
XIe siècle, la plus large, est terminée par
une grande abside semi-circulaire. À la fin du XIIe
siècle, on lui a ajouté un demi-berceau au
sud. Trois arcades en plein cintre furent percées
dans l'ancien mur gouttereau, la porte méridionale
forma une quatrième arche plus étroite.
L'église est intégralement voûtée
et bâtie en pierre. L'édifice possède
plusieurs très belles œuvres: Le Christ roman datant
du XIIe siècle est l'un des plus beaux des
Pyrénées-Orientales (la Catalogne). Lors d'une
restauration, on a trouvé, caché dans le dos
du Christ, un petit reliquaire daté de 1710 contenant
quelques ossements.
Puis, nous continuâmes notre route des chapelles. Nous
arrivâmes à Boule-d'Amont (Bula d'Amunt en
catalan), une commune des Pyrénées-Orientales,
sur la route départementale 618 (l'ancienne route
nationale 618). La gare la plus proche se trouve à
Ille-sur-Têt (celle de Bouleternère
étant fermée). Boule-d'Amont est
mentionnée dès 942 (Bula), Bula Subirana en
1062 et Bula de Munt au XVIIe siècle. Bula vient du
nom de la rivière Boulès qui sépare
Boule-d'Amont et Bouleternère. Des vestiges
mégalithiques, notamment au "Coll de les Arques"
(pierres dressées) et au Cementeri dels Moros (dolmen
en ruine), attestent d'une occupation préhistorique
du secteur. L'église paroissiale Saint-Saturnin, un
édifice roman agrandi au XVIIIe siècle, est
mentionnée en 1011. Elle abrite un mobilier baroque
inscrit (en partie) aux Monuments Historiques. Je pense que
nous y retournerons pour visiter les gorges de
Bouleternère. Nous poursuivîmes notre
périple en quittant la route d'Ille-sur-Têt,
nous bifurquâmes à gauche vers Serrabone
(Serrabona). Une route encore plus étroite, toute en
lacets très serrés et ça grimpe ! Les
lacets passent au bord de ravins vertigineux, «Mon
brave Nounours, pourvu qu'il ne regarde pas !» me
suis-je dit... Nous arrivâmes enfin au prieuré
de Serrabone où actuellement n'est pratiqué
aucun culte, qui était rattaché à la
Règle de Saint-Augustin jusqu'en 1592. Là,
dans ce cadre superbe, nous avons fait notre petit
pique-nique.
Le prieuré de Serrabone, dans les
Pyrénées-Orientales, fut fondé au
début du XIe siècle, il est situé dans
le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du massif
du Canigou, dans un paysage extraordinaire à
proximité des gorges du Boulès. Il demeure
encore aujourd'hui d'accès difficile. Il est surtout
connu pour sa magnifique tribune en marbre du XIIe
siècle considérée comme l'une des plus
belles réalisations de l'art roman. La plus ancienne
mention du prieuré de Serrabone date de 1069. En
1082, des chanoines de l'ordre de Saint-Augustin se sont
établis dans les lieux. L'édifice est alors
agrandi et embelli. La collégiale est
consacrée en 1151 par l'évêque d'Elne.
Le collège était mixte, il comprenait des
hommes et des femmes. Des troubles commencèrent aux
XIIIe et XIVe siècles. Des chanoines
préféraient les maisons privatives au lieu de
partager des lieux de vie commune comme le stipulait la
règle. La décadence atteint un tel
degré au cours du XVIe siècle que le pape a
sécularisé le prieuré comme tous ceux
rattachés à la règle de Saint-Augustin
en Espagne. Rattachée à Solsona en Catalogne,
la collégiale devient église paroissiale et
tomba lentement dans l'abandon et l'oubli. Les lieux
devinrent la propriété d'un particulier qui
entreprit des travaux de restauration dans les années
1900 qui se poursuivirent tout au long du XXe siècle.
L'église est formée par la nef de
l'église de 1069 à laquelle fut adjoint un
collatéral, un transept, une galerie de cloître
et les absides lors des travaux d'agrandissement du XIIe
siècle. L'édifice fut consacré en 1151.
Au chevet, les deux absidioles du transept ne sont pas
visibles, ils sont intégrées au massif de
l'édifice. L'abside centrale elle est bien visible.
Le cloître est accolé au côté sud
de l'église, ses arcades donnent sur le ravin
où se dresse le prieuré. Un petit jardin
s'étend à son pied, sur une des terrasses
prévues pour soutenir le prieuré. Ses arcades
sont ornées de colonnes et de chapiteaux en marbre.
La tribune mesure 5,60 x 4,80 mètres avec une hauteur
d'environ 3 mètres. Une balustrade sculptée
dominait cet ensemble sur une hauteur d'environ 1,50
mètre. Les croisées d'ogives présentes
sous la tribune ne sont pas une forme primitive de
voûte gothique, elles ont un rôle purement
décoratif, afin de cacher la voûte
d'arête les surplombant sans jamais les toucher. Une
telle tribune est une forme architecturale rare, seule
l'abbatiale de Cruas en possède une datant de cette
époque.
On peut se promener sur un magnifique sentier botanique
à étages près du prieuré de
Serrabone ou flâner dans le jardin (en pente) du
prieuré (où mon pilote a pis en photo l'autre
côté de l'édifice avec hélas le
soleil en face) mais il ne faut pas avoir le vertige, les
vues sur les massifs des Pyrénées sont
imprenables. Il y avait beaucoup de touristes ce dimanche
sur la route des cols et au prieuré de Serrabone. Il
faut quitter un peu les grands axes des vallées pour
découvrir les innombrables joyaux de ce splendide
département. Nous sommes rentrés assez tard
à Arles-sur-Tech, nous avons fait une courte pause au
bar Le Central à mon fan-club: Le "Fan-club de
Nounours the Super Biker" (dernière photo du
diaporama).
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