Archives: Dominique Bromberger
- Chronique du 6 décembre 2000 sur France Info -
[...] Avec un budget
réduit, la France a voulu continuer à se
hausser sur la pointe des pieds pour faire encore la grande.
Et cela, ça ne marche jamais !... L'exemple le plus
consternant de cette politique a été le
feuilleton de notre porte-avions nucléaire: le
Charles-de-Gaulle. Jusque-là, nous avions deux
porte-avions, le Foch et le Clemenceau, un peu
démodé pour l'un, hors d'âge pour
l'autre, mais qui nous permettaient d'avoir constamment au
moins l'un de ces bâtiments à la mer. Mais deux
porte-avions à propulsion classique, ce
n'était pas assez bien pour nous !... Il fallait que
nous soyons les seuls avec les américains à
disposer d'un porte-avions nucléaire. Et c'est
là qu'a commencé, en 1986, l'invraisemblable
saga du Richelieu, devenu Charles-de-Gaulle qui se poursuit
depuis 15 ans. Signalons au passage qu'il y eût un
épisode désopilant le 7 novembre1994 quand en
pleine cohabitation, François Mitterrand, Jacques
Chirac, Édouard Balladur et François
Léotard se précipitèrent à Brest
pour inaugurer une coque vide, un assemblage de plaques
métalliques et rien dedans. Mais au moins cette coque
flottait. Aujourd'hui, 6 ans plus tard, le Charles-de-Gaulle
est placé en cale sèche. Hélice
brisée dès sa première grande sortie,
on lui adapte celles qui ont été
récupérées sur le Foch et le
Clemenceau. Vive la technologie moderne et performante !
Car, quand il pourra entrer en service actif, nous aurons en
notre possession le porte-avions le plus lent du monde.
Entre temps, les défauts de conception se seront
comptés par dizaines. Mais là n'est pas le
plus important. Entre temps, le Clemenceau est parti
à la casse, le Foch a été vendu au
Brésil. La France, puissante orgueilleuse n'a plus
aujourd'hui de porte-avions à la mer. Les crises
internationales sont priées d'attendre. Et, bien
entendu tous les ans, notre unique porte-avions sera
placé en entretien pendant deux à trois mois.
Là aussi, il faudra faire patienter les États
ou les groupes terroristes qui seraient tentés de
s'en prendre, au Moyen-Orient par exemple, aux
intérêts de notre pays...
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