Comme beaucoup de mes semblables, j'ai
cherché à comprendre... Je ne suis né
que pour mourir, je n'ai pourtant rien demandé...
Pourquoi sommes-nous là ? La Vie, si nous ne sommes
voués qu'à disparaître, n'a aucun sens.
Ne sommes-nous que les maillons d'une chaîne
destinée à perpétrer une forme de vie
primitive devant évoluer et engendrer une forme de
vie supérieure qui n'apparaîtrait qu'en fin du
cycle ? Dans ce cas, le fait de nous avoir doté de la
conscience est la pire des horreurs. Sommes-nous issus du
hasard, venus du néant et devant retourner au
néant ? Le hasard aurait alors beaucoup d'imagination
et cela reviendrait strictement au même. Sommes-nous
les jouets d'un Dieu nous ayant créés à
son image dans un Univers qu'il aurait créé
uniquement pour que nous puissions y vivre, y souffrir et y
mourir ? Ce Dieu serait un monstre... Et ce Dieu,
d'où viendrait-il ? Et avant cet Univers, qu'y
avait-il ? Je voulais savoir. Alors, j'ai
étudié les religions et leurs doctrines. Pur
lavage de cerveau: ces solutions simplistes ne me
convenaient pas, j'y voyais surtout un moyen
élaboré par une élite pour
contrôler les masses. Ensuite, je me suis
plongé dans les théories
évolutionnistes (en particulier celle de Darwin).
Rien que le fait d'imaginer une bestiole sans cervelle
être capable de réfléchir et de
réussir à se fabriquer des organes, des
membres, un système nerveux et une mécanique
d'une complexité aussi ahurissante, et le pire de
tout, un cerveau et une conscience, m'a vite
éclairé sur le problème de ce cher
Darwin (voir note Préhisoire).
J'en suis revenu aux religions et j'y ai constaté les
mêmes névroses. Comment ont-elles fait gober
toutes leurs sornettes à l'Humanité ? La liste
des aberrations serait longue. Une de ces
énormités est la culpabilité
établie. Alors qu'il vient tout juste de
naître, le jeune humain est déjà
coupable et la sentence est sans appel: la mort... Les
religions nous harcellent d'injonctions au pardon, mais de
quoi un gosse devrait demander pardon. D'être
né ? Mais il n'y est pour rien ! «Vous serez
maudits jusqu'à la 7ème
génération»... Où est la faute que
nous avons commise. Le jeune humain doit-il payer (et cher
!) le fait que ses parents lui ont donné le jour ?
Cette absurdité est vraiment empreinte d'un humour
noir plus que douteux. Seul un cerveau machiavélique
rongé par une haine aussi maladive qu'irrationnelle
aurait pu élaborer un plan aussi démoniaque.
Quelle injustice !
Alors, est-ce l'Homme qui a créé Dieu à
son image ? Si ce Dieu institué par les religions
n'existe pas, tout au moins dans la forme qui nous est
proposée, la vérité doit
forcément être ailleurs. Si l'Homme a
débarqué un jour sur Terre, ce n'est pas par
hasard. Mais pourquoi les premiers ont-ils infligé un
destin aussi cruel à leurs descendants. Car les vrais
responsables de la mort de ces derniers sont ceux qui leur
ont soi-disant donné la "vie" ! Une première
évidence s'impose: Si l'individu avait eu la parfaite
conscience de la mort, s'il avait compris qu'il n'est venu
que pour disparaître, il aurait refusé de se
reproduire et l'Humanité, à peine apparue, se
serait éteinte. Religions, sectes ou autres
mouvements philosophiques, idéologiques et politiques
n'ont eu pour but que d'endormir la conscience et valoriser
une existence nulle vu sa brièveté et sa
destinée. Dans un premier temps, il a fallu imaginer
un sens à la vie. Pour les religions, nous avons
été créés par un Dieu qui nous
aime, puisqu'il nous a condamné à mort, et qui
va en récupérer trois ou quatre. Ouf !
Ça rassure ! Car on nous précise en sus que
son jugement sera sans pitié. Car bien entendu, si on
est venus au monde, c'est notre faute ! Il y a quelques
années, alors que j'œuvrais sur les ondes d'une
célèbre chaîne de radio, j'allais dans
le prolongement d'une blague douteuse en déclarant:
«La principale cause de la mort, c'est la naissance...
Vous voulez supprimer la mort ? Arrêtez de faire des
gosses !»... On m'a rétorqué que si tout
le monde parlait comme moi, il n'y aurait plus personne sur
Terre... «Mais ça vous plaît tant que
ça de mourir ? Moi, j'aurais
préféré ne pas venir, si c'est
uniquement pour terminer en un tas d'os abject»...
Là, j'ai entendu des phrases réellement
ahurissantes. «Si on ne mourrait pas, y'aurait trop de
monde sur Terre»... «Si on vivait
éternellement, on s'ennuierait», etc... La
réponse à ma première question tombait
comme un couperet: les humains n'ont réellement
aucune conscience de la mort et encore moins du
néant...
Pour les existentialistes, il nous suffit de jouir
pleinement de la vie sans nous poser de question. Si
après la mort il n'y a plus rien, ce n'est pas grave,
on était là juste pour rigoler un peu, pour
s'amuser, pour en baver et pour souffrir avant de
disparaître à jamais. C'est le message des
religions et des sectes, Dieu en moins (une religion
n'étant autre chose qu'une secte)... Les adeptes de
Charles Darwin attendent toujours qu'une bestiole sans
cervelle invente l'immortalité. En attendant, ils ne
sont que les maillons d'une chaîne qui conduira les
derniers à ce stade. Les athées
prétendent qu'ils ne croient en rien tout en croyant
en eux-mêmes. Ils croient dur comme fer
qu'après il n'y a rien; et ils croient en des
doctrines comme l'existentialisme... Si on ne croit en rien,
c'est en rien, en principe.
Puis, il y a ceux qui sont là visiblement par erreur.
«Tu sais ce que tu fais sur Terre ?» - «Bof,
je m'en fous...» - «Tu sais qu'il te faudra un
jour mourir et disparaître à jamais ?» -
«Bof, je m'en fous...». Ceux-là sont en
général utilisés par les religions, les
sectes ou les mouvements politiques (à la solde des
premières) pour servir de modèles. Les
évangiles en sont le reflet: «Bienheureux les
simples d'esprits»... Sous entendu: "ne vous posez pas
de question et obéissez-nous. On s'occupe de tout".
Chaque religion va désormais s'imposer comme
détenant la "vérité absolue"... Le
premier pas est franchi, les clones sont prêts
à subir cette existence totalement absurde. Reste
à les inciter à se reproduire. Pour forcer un
humain à faire quelque chose, il suffit de lui
interdire. Alors, on invente les interdits et les tabous. On
fixe les règles de la honte: «Tu vois, cette
partie de ton corps, c'est mal et c'est honteux».
Alors, l'humain va s'y intéresser. La reproduction
sera au coeur de tous ses problèmes, elle sera son
occupation (et sa préoccupation) majeure. Une femme
sans enfant n'est pas une femme, un homme sans enfant n'est
pas un homme. En clair: «votre vie n'a aucun
intérêt, vous n'êtes là que pour
perpétuer l'espèce».
Si pour les animaux le disque dur est suffisant pour
analyser le logiciel de l'accouplement pur et simple, il
n'en va pas de même pour tous les humains. Il va donc
falloir créer un autre logiciel: celui des fantasmes
les plus tordus, des tares les plus ahurissantes et des
dérives les plus immondes... On constate vite qu'il
faudra y ajouter un autre programme: la violence. Massacres,
tortures, tueries et autres monstruosités deviennent
les meilleurs aphrodisiaques (les exécutions
publiques, les jeux du cirque, les guerres, les films,
etc...). Grands gourous des religions et des sectes seront
les maîtres en la matière (il suffit d'observer
les tableaux commandés par l'Église aux grands
peintres, c'est révélateur !). Toujours est-il
que cela prend des proportions imprévues, il faudra
inventer des garde-fous car à ce rythme-là, le
monde sera vite surpeuplé, et il faut qu'il dure un
peu.
Je me demande soudain combien d'individus et de bestioles en
tous genres sont en train de s'accoupler sur la
planète, sur la terre ferme et dans la flotte,
pendant que je m'acharne à mettre en forme mon texte.
Le miracle de la vie. Le spectre de la mort, plutôt...
Si on superposait la durée d'une vie à
l'éternité, la naissance et la mort se
chevaucheraient. Pourquoi cet acharnement à imposer
à des créatures qui ne l'ont pas
souhaitée une existence aussi brève et aussi
stupide ? On naît dans la souffrance, on vit dans la
souffrance et on meurt dans la souffrance (Stop).
Si un enfant était conscient au moment de sa
naissance, il mourrait immédiatement tellement la
douleur est intense. Heureusement, aucun de nous n'en a le
souvenir: la mémoire viendra plus tard, avec la
conscience. Car si en plus le nouvel arrivé se
doutait de ce qui l'attend, il fustigerait ses parents...
«Mais je n'ai rien demandé ! Vous avez
réfléchi avant de me fabriquer ? Vous savez ce
qu'il me faudra endurer par votre faute ?»...
En réalité, 80% des femmes et des hommes font
des enfants par pur égoïsme et parce que c'est
inscrit dans leurs gènes. Pour les autres, il s'agit
de déplorables aventures qui tournent mal, faute
d'expérience ou par pur manque de précautions.
On a "oublié" qu'une étreinte peut engendrer
une vie... Et puis, il y a les cas plus douloureux, tout
à fait inadmissibles: ces pauvres filles
violées par des déséquilibrés
qui, en abusant d'elles, se croient ainsi des hommes... Il
me faut ici ouvrir une première parenthèse
à l'intention de ces fêlés qui
prétendent que la vie existe dès la
conception. «Vous n'êtes que des hyènes
obéissant à une force maléfique. La
Vie, mesdames et messieurs, suppôts des églises
et des théologies fascistes, n'apparaît que
bien plus tard... Vos propos vous sont dictés par une
conscience malsaine. Votre volonté est
d'empêcher une femme d'avorter et de la contraindre
malgré elle à enfanter d'une enveloppe (encore
vide) qui ne connaîtra que malheurs et
désillusions. Et comme cela n'est pas suffisant, vous
interdisez aux jeunes les moyens d'éviter les
naissances accidentelles. En vociférant contre la
contraception ou la pilule du lendemain, vous vous comportez
comme les pires des assassins. Pour vous, plus il y aura de
malheureux sur Terre, plus vous serez satisfaits. Alors,
pour les éliminer, vous enseignez aux parents
crédules que leurs enfants devront donner leur sang
et leur vie pour l'honneur de la sacro-sainte patrie. Elle
est belle, l'image de la famille imposée par vos
institutions politico-religieuses»...
Je me demande combien de gens ou d'animaux meurent alors que
je songe à tout cela... Quel charnier... Est-ce cela
notre unique avenir ? Bien sûr, ceux qui vont
naître dans les classes aisées de la
société se la couleront plus douce en
attendant leur tour. Mais les autres... Famines, soif,
épidémies, maladies, esclavagisme, travail,
génocides, lois, répressions, pauvreté,
guerres, injustices... Est-ce pour cela qu'on leur a
donné la vie ? La mort frappe à chaque
instant, aveuglément, personne n'y échappe.
Nous marchons sur les restes de ceux qui nous ont
précédés et nos restes s'y ajouteront
pour ceux qui nous suivront. Une question me hante depuis
toujours: "J'ai dû me tromper de monde... C'est une
erreur, je n'ai jamais voulu y venir... Ou alors, on m'y a
contraint"...
Mes pensées sont à des
années-lumière de mon être. Et je revois
sans cesse les mêmes images. Mon enveloppe ne me
correspond pas... De toute évidence, il y a
l'individu charnel et l'être immatérial. Alors,
pourquoi ce monde, puisqu'il ne me convient pas ? N'y en
avait-il pas ailleurs ? Dans un autre temps ? Et pourquoi
cette enveloppe ? Les logiciels installés sur son
disque dur ne sont pas les miens. Sa programmation n'a rien
à voir avec mon esprit qui, dès qu'il le peut,
s'en échappe. Alors, qu'est-ce que je fais
là-dedans ?
Il me faut redescendre sur Terre et réintégrer
cette enveloppe car c'est elle qui doit hélas taper
sur les touches de l'ordinateur. Dommage que l'esprit ne
puisse le faire, cela simplifierait les allers-retours. Si
l'individu de chair (donc de matière) est
habité par un être spirituel (donc
d'antimatière), d'où vient l'esprit ?
Créé par Dieu ? Tout ce qui a un début
doit avoir une fin, cela nous ramerait à la case
départ. Les religions nous disent: "Dieu créa
l'Homme à son image". Alors, pourquoi a-t-il
créé un individu périssable dont
l'organisme est aussi compliqué et si aussi fragile ?
Pourquoi lui avoir infligé une existence aussi
brève et pourquoi avoir désiré qu'il
ait conscience de son destin ? Dieu était-il un
sadique ? Pourquoi a-t-il imaginé une créature
qui se complaît dans la violence, dans la
stupidité et dans la haine ? Dieu était-il
tout cela (car depuis, il serait mort...) ? Est-ce Dieu qui
a créé notre monde rongé par les
injustices, les guerres, les souffrances, les cataclysmes,
les malheurs, le sang et les larmes ? Dieu voulait-il tout
cela ? Nous le voyons bien, cela n'est pas très
cohérent.
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