Selon
la légende, la Bastille est le symbole du despotisme,
un abominable donjon où croupissaient les innocentes
victimes du méchant roi et de sa méchante
reine... En fait, ce château datant de Charles V,
composé de huit tours armées de canons
rouillés, était une prison de luxe où
Louis XVI faisait enfermer pour quelques semaines des "fils
de bonne famille" ayant un peu trop troublé l'ordre
public comme on dirait aujourd'hui. Ces nobles prisonniers
étaient plutôt bien nourris, bien logés,
recevaient des visites et avaient même des permissions
de sortie... La forteresse était commandée par
Jourdan de Launay, qui disposait en tout de 32 Suisses et de
82 invalides pour "défendre" les 7 prisonniers
qu'elle hébergeait... En juillet 1789, un
soulèvement du peuple semble imminent. Le
Comité de l’Hôtel de ville envoie un officier
et deux sous-officiers demander à Launay de retirer
ses canons rouillés, ainsi que Thuriot, un avocat de
Reims, qui somme la garnison de se rendre au nom de la
nation. Launay promet de ne pas tirer sur la foule si elle
n’attaque pas... Mais... La foule attaque la "forteresse",
s’empare des officiers, saccage tout dans la citadelle et
court aux cachots délivrer les 7 prisonniers de la
Bastille: 4 faussaires, un vrai sadique qu’il faudra
remettre au cachot le lendemain et 2
détraqués. Launay, qui a refusé de
tirer sur la foule, est assassiné par Desnot, un
cuisinier, qui lui coupe la tête... La foule, ivre de
"victoire", massacre les officiers qui pourtant avaient
empêché le gouverneur de faire sauter la
Bastille avec ses assiégeants. Hissant ses drapeaux
souillés du sang des têtes plantées sur
les piques, la populace se jette alors sur l’Hôtel de
ville. Flesselles est abattu d’un coup de pistolet et sa
tête ira rejoindre celle de Launay sur une pique. Des
bandits et des filles dansent autour des têtes
coupées, d’entrailles attachées à une
perche et d’un cœur entouré d’œillets blancs. Il y
aura quand-même 98 morts parmi les "vainqueurs de la
Bastille" (...) qui n'est pas une victoire du peuple mais un
massacre effrayant, stupide et inutile. Louis XVI, qui
n'était pas un tyran (il aimait plutôt son
peuple), n'a appris l'événement que dans la
nuit. Le "grand-maître de la garde-robe", le duc de La
Rochefoucauld-Liancourt, revenant de Paris, l’a fait
réveiller pour l’avertir. «Mais... C’est donc
une révolte ?», demande Louis XVI... -
«Non, sire», répond La Rochefoucauld.
«C’est une révolution !...» Cela se passait
le 14 juillet 1789, la "Grande Terreur" va seulement venir,
avec la sinistre guillotine: Suite à la chute de la
monarchie le 10 août 1792 et aux journées
d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793, les montagnards
prennent le pouvoir. Le 5 septembre 1793, la Terreur est
instituée, elle s'achève avec la chute de
Robespierre le 26 juillet 1794.
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