La Guillotine

Extrait de "L'Aventure folle-dingues de Régis Winter au Lac d'Annecy" - Textes et dessins: Michel Mahler - 1993

Définition encyclopédique: La guillotine est un instrument de supplice servant à trancher la tête des condamnés à mort... Contrairement à ce qu'on vous a appris à l'école, la guillotine n'est pas une invention française... Snif... Notre coq en prend encore un sacré coup... En fait, c'est en Italie que la fabuleuse machine fut utilisée pour raccourcir les habitants sous le nom charmant de "Mannaja" en l'an 1300... Ce superbe instrument fut également utilisé dès cette date en Allemagne et au Royaume-Uni... Mais soyons cocorico, c'est en France que l'engin va être perfectionné. Une autre idée reçue est à mettre au panier: Ce n'est pas le docteur Guillotin qui a inventé la guillotine... Il n'en fut que le promoteur. Le 28 novembre 1789, le docteur Joseph Guillotin présente aux députés de l'Assemblée constituante une machine conçue par le chirurgien Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie. Inspirée de la "Mannaja" déjà connue en Italie, elle comporte un tranchoir glissant entre deux montants en bois. Elle assure selon ses promoteurs une mort plus délicate que la pendaison, la décapitation à la hache ou à l'épée, la roue ou l'écartèlement. Selon le docteur Guillotin, député du Tiers États, elle représente "l'égalité de tous les citoyens". Le 3 juin 1791, l'Assemblée constituante adopte une proposition du député Le Pelletier de Saint-Fargeau, «tout condamné à mort aura la tête tranchée» alors que les députés repoussent le projet de Maximilien de Robespierre visant à abolir la peine de mort (sic). Dans la foulée, l'Assemblée demande au docteur Guillotin et au chirurgien Louis d'améliorer leur machine à couper les têtes. Antoine Louis perfectionne la machine aidé d'un mécanicien allemand, Tobias Schmidt. Il remplace le couperet en forme de croissant par un couperet en forme de trapèze sur une idée de Louis XVI qui était aussi un habile serrurier.

La machine est essayée à Bicêtre sur des moutons et des cadavres. Nicolas-Jacques Pelletier, un voleur de grand chemin, sera le premier à avoir la tête tranchée le 25 avril 1792. La machine est d'abord appelée «Louisette». Les journalistes parlementaires, mécontents du docteur Guillotin qui, à l'Assemblée, leur demandait de bien se tenir, la baptisèrent «guillotine»... Voilà l'origine de son nom. Dans l'argot populaire, la machine aura bien d'autres sobriquets comme par exemple le «rasoir national»... De 1793 à 1794, environ 20.000 citoyens auront la tête tranchée définitivement. La guillotine remportera un vif succès en France jusqu'au 29 juin 1939, date à laquelle les exécutions cessent d'être publiques. La dernière exécution remonte au 10 septembre 1977. La peine de mort est abolie en France le 9 octobre 1981 mais la dernière exécution politique date du 11 mars 1963: Jean Bastien Thiry ne fut pas guillotiné mais fusillé... Joseph-Ignace Guillotin, franc-maçon et philanthrope, médecin et professeur d’anatomie, est né à Saintes en 1738. Élu député à la Constituante au début de la Révolution, il tente en vain de réformer les hôpitaux et met en œuvre le premier programme de Santé publique. Il est exécuté par sa machine à Paris en 1814...

Fiche technique: Poids total de l’instrument: 580 kg - L'ensemble "Couperet": 30 kg de poids mort, 7 kg pour le couperet et 3 boulons de 1 kg chacun - Hauteur des montants: 4,50 m - Chute du couperet: 2,25 m - Décret du 25 Prairial de l'an 1 (13 juin 1793): «Il sera installé 1 machine à trancher par département.»

Anecdote: Le 14 septembre 1792, Jacques Pelletier inaugurait la machine à trancher de Joseph-Ignace Guillotin. Le public fut extrêmement déçu: ça va beaucoup trop vite !... Le peuple regrettait les pendaisons qui duraient bien plus longtemps selon l'humeur du bourreau [...]. La Chronique de Paris rendit compte de l'impression des Parisiens: «Le peuple ne fut point satisfait, il n'avait rien vu ! La chose était trop rapide, il se dispersa, désappointé, chantant pour se consoler de sa déception...»

Les guillotinés célèbres:
Louis XVI: 21 janvier 1793
Marie Anne Charlotte de Corday: 17 juillet 1793
Marie Antoinette: 16 octobre 1793
Camille Desmoulins: 5 avril 1794
Georges Jacques Danton: 5 Avril 1794
Philippe François Nazaire Fabre dit Fabre d'Eglantine: 6 Avril 1794
Louis Antoine Saint-Just: 28 Juillet 1794
Maximilien Marie Isidore de Robespierre: 28 Juillet 1794


Autre anecdote: L'extrait d'une bande dessinée des "Aventure folles-dingues de Régis Winter" montre un inventeur fou ayant mis au point la guillotine Super-2 à deux lames... La première lame coupait le cou et la seconde le recoupait avant que la tête ne se rétracte... Et bien, la chose a bien existé, mais pour trancher deux têtes et il y a eu des machines encore plus folles à 4 ou 5 lames (voire plus !) et même une super-guillotine composée d'une trentaine d'éléments reliés entre eux pouvant décapiter une trentaine de citoyens en même temps. Lorsque le brave docteur goûta aux délices de sa machine en 1814, la question fut tranchée: Seule la guillotine à une lame resterait dans l'Histoire...

La prise de la Bastille - 14 juillet 1789

Selon la légende, la Bastille est le symbole du despotisme, un abominable donjon où croupissaient les innocentes victimes du méchant roi et de sa méchante reine... En fait, ce château datant de Charles V, composé de huit tours armées de canons rouillés, était une prison de luxe où Louis XVI faisait enfermer pour quelques semaines des "fils de bonne famille" ayant un peu trop troublé l'ordre public comme on dirait aujourd'hui. Ces nobles prisonniers étaient plutôt bien nourris, bien logés, recevaient des visites et avaient même des permissions de sortie... La forteresse était commandée par Jourdan de Launay, qui disposait en tout de 32 Suisses et de 82 invalides pour "défendre" les 7 prisonniers qu'elle hébergeait... En juillet 1789, un soulèvement du peuple semble imminent. Le Comité de l’Hôtel de ville envoie un officier et deux sous-officiers demander à Launay de retirer ses canons rouillés, ainsi que Thuriot, un avocat de Reims, qui somme la garnison de se rendre au nom de la nation. Launay promet de ne pas tirer sur la foule si elle n’attaque pas... Mais... La foule attaque la "forteresse", s’empare des officiers, saccage tout dans la citadelle et court aux cachots délivrer les 7 prisonniers de la Bastille: 4 faussaires, un vrai sadique qu’il faudra remettre au cachot le lendemain et 2 détraqués. Launay, qui a refusé de tirer sur la foule, est assassiné par Desnot, un cuisinier, qui lui coupe la tête... La foule, ivre de "victoire", massacre les officiers qui pourtant avaient empêché le gouverneur de faire sauter la Bastille avec ses assiégeants. Hissant ses drapeaux souillés du sang des têtes plantées sur les piques, la populace se jette alors sur l’Hôtel de ville. Flesselles est abattu d’un coup de pistolet et sa tête ira rejoindre celle de Launay sur une pique. Des bandits et des filles dansent autour des têtes coupées, d’entrailles attachées à une perche et d’un cœur entouré d’œillets blancs. Il y aura quand-même 98 morts parmi les "vainqueurs de la Bastille" (...) qui n'est pas une victoire du peuple mais un massacre effrayant, stupide et inutile. Louis XVI, qui n'était pas un tyran (il aimait plutôt son peuple), n'a appris l'événement que dans la nuit. Le "grand-maître de la garde-robe", le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, revenant de Paris, l’a fait réveiller pour l’avertir. «Mais... C’est donc une révolte ?», demande Louis XVI... - «Non, sire», répond La Rochefoucauld. «C’est une révolution !...» Cela se passait le 14 juillet 1789, la "Grande Terreur" va seulement venir, avec la sinistre guillotine: Suite à la chute de la monarchie le 10 août 1792 et aux journées d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793, les montagnards prennent le pouvoir. Le 5 septembre 1793, la Terreur est instituée, elle s'achève avec la chute de Robespierre le 26 juillet 1794.


14 juillet 1789 - Chanson: Le Lapin de Varennes - Puzzle guillotine

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