Plus
nous gravissions ce chemin, plus il y avait de rochers et de
creux profonds, je me suis dit: «Mon brave Nounours, il
a décidé de nous perdre en montagne, jamais
nous ne rentrerons de cette épopée...» Et
il continuait... Où nous sommes-nous
engouffrés ? Puis, nous vîmes l'écriteau
"Route forestière du Dolmen"... «Nous sommes sur
le bon chemin, Nounours...» me hurla-t-il... Nous
arrivâmes à un croisement de chemins. Il n'y
avait aucun écriteau, où aller ? Nous
prîmes à gauche, le chemin qui descendait. Au
bout d'un kilomètre, c'était un cul-de-sac.
Pourtant, nous étions certains que le dolmen
était là, tout près. Il a un peu
cherché mais rien. Nous sommes donc repartis au
croisement des deux chemins et nous prîmes celui qui
montait. Là, il a eu des doutes. Après
plusieurs kilomètres d'un chemin de plus en plus
chaotique, nous arrivâmes à un autre croisement
de chemins. Il arrêta la moto et vit le panneau "Route
forestière du Dolmen"... dans l'autre sens. Il me
dit: «Nous sommes perdus Nounours, à au moins 18
km d'Arles-sur-Tech dans le massif du Canigou. Tout à
coup, nous vîmes arriver une jeune cycliste qui s'est
arrêtée. Cette jeune cycliste faisait l'autre
sentier de randonnée, quel courage ! Mon pilote alla
vers elle et lui demanda où était le dolmen.
Elle lui expliqua que nous devions revenir sur nos pas, que
nous l'avions dépassé de plus de 7 km. Selon
ses indications, c'était bien le premier chemin en
cul-de-sac où nous sommes allés. Nous avions
vu de magnifiques ruines du Moyen-Âge, une très
jolie habitation, là-haut, en plein dans le massif du
Canigou. Il mit le compteur journalier de la moto à
zéro et nous retournâmes au fameux croisement
des chemins à plus de 7 km. Nous reprîmes le
chemin qui descendait, au bout du chemin, il gara
l'Eliminator et alla voir à pied. Il vît le
petit écriteau vert: "Dolmen". «Nounours, nous y
sommes ! Il était bien là !»
C'est ici que moi, Nounours, je fis ma première
balade à pied. Mon pilote ôta en effet mes
sangles et me dit: «Tu viens au dolmen avec
Nounours...» Les 100 mètres à faire
à pied n'ont pas été faciles, ça
grimpe et c'est plein de cailloux. J'ai cru entendre
l'orage, c'était ses pistons qui explosaient. Tout
à coup, il était là, juste devant nous:
Le dolmen de La Caixa de Rotllan ! J'ai posé devant
et dessus et même dedans.
La Caixa de Rotllan est un dolmen situé sur la
commune d'Arles-sur-Tech, dans les
Pyrénées-Orientales, qui date de la seconde
moitié du IIIe millénaire avant J-C. En
catalan, son nom signifie "tombeau de Roland". En effet,
selon la légende, le chevalier Roland a vécu
dans le Vallespir. Après voir été
tué à la bataille de Roncevaux, son corps a
été ramené par son cheval et fut
inhumé au dolmen. Les dolmens sont bien d'anciennes
sépultures, ils ont cependant été
érigés bien avant les aventures du chevalier
Roland. Le dolmen de La Caixa de Rotllan est
constitué de trois pierres verticales formant un "H"
surmontées d'une dalle. Dessous, il y a une chambre
de forme rectangulaire. La chambre est fermée au
milieu par une pierre verticale. Ce dolmen, classé
monument historique, n'a jamais fait l'objet de fouilles
archéologiques. La Caixa de Rotllan fait partie des
cent quarante huit dolmens recensés dans les
Pyrénées-Orientales. Ils sont situés
dans des zones accidentées ou montagneuses, sur un
col ou une ligne de crête. Le dolmen de La Caixa de
Rotllan est situé sur une ligne de crête du
flanc Sud du massif du Canigou, au pied d'un chaos de
rochers en granite, dans le Vallespir, à la limite
des communes d'Arles-sur-Tech et de Montbolo. Deux chemins
permettent d'accéder au dolmen depuis Arles-sur-Tech,
la piste de randonnée (trop longue à pied) et
ce chemin de la rivière, nous avons pris la piste
serpentant le long de la rivière Bonabosc puis un
petit sentier d'une soixantaine de mètres à
travers les bois. La Caixa de Rotllan date de la
période du chalcolithique (début de
l'Âge du bronze), durant la seconde moitié du
IIIe millénaire avant J-C. En très bon
état, il est fait de trois dalles verticales
surmontées d'une quatrième, formant une
chambre rectangulaire. Le dolmen est entouré d'un
tumulus cirulaire d'environ dix mètres de
diamètre. Les montants latéraux sont deux
blocs d'une épaisseur de 20 à 57 cm, de 2,40 m
de long et de 1,30 m de hauteur hors-sol. La dalle de fond
mesure 1,20 m de haut, 1,25 m de large et 20 cm
d'épaisseur en moyenne. La dalle de couverture fait
2,60 m de long pour 1,50 m de large. Son épaisseur
est de 20 à 45 cm. Les dalles de soutien ne lui
apportent que trois points d'appui. L'ensemble
délimite une chambre rectangulaire de 2 m sur 1,30 m
environ. L'ensemble donne un plan en forme de "H": la dalle
de chevet étant encadrée par les dalles
latérales comme la plupart des dolmens des
Pyrénées-Orientales.
La dalle de chevet a sans doute été
placée en premier, les dalles latérales
ensuite. Le nom catalan du dolmen signifie "le tombeau de
Roland". Les mégalithes des
Pyrénées-Orientales portent souvent des noms
de personnages mythiques comme Roland, d'autres lieux tout
proches portent le même nom légendaire de
Roland. À 1 500 m au nord de La Caixa en suivant la
ligne de crête se trouve le Palet de Rotllan. Plus au
nord, l'abeurador del cavall de Rotllan (abreuvoir du cheval
de Roland) est un bassin où le chevalier
légendaire aurait fait boire son cheval. La Cova d'en
Rotllan (grotte de Roland) est un autre dolmen, situé
sur la commune de Corsavy, où Roland aurait eu
l'habitude de se reposer. Selon La Chanson de Roland, les
corps de Roland, du chevalier Olivier et de Jean Turpin,
morts à la bataille de Roncevaux, furent
transportés par Charlemagne et inhumés dans la
basilique Saint-Romain de Blaye en Gironde. Une autre
légende rapporte que le cheval de Roland a
emporté le corps du chevalier dans le Vallespir.
Plusieurs toponymes de la région font
référence aux empreintes de pas qu'aurait
laissé son cheval.
Depuis le Moyen-Âge, le dolmen et utilisé comme
borne pour délimiter Arles-sur-Tech et Montbolo. La
limite actuelle des deux communes passe tout près du
dolmen. Le dolmen a été classé monument
historique en 1889. Le dolmen est mentionné
dès le XIXe siècle dans différents
guides touristiques en France et en Angleterre. Au XIXe
siècle, il fut nommé sous la forme
francisée "Caxa de Roland".
De retour à la Kawasaki Eliminator, je me suis assis
au poste de pilotage: «Tu es complètement
destroy, je pilote, monte à l'arrière...»
- «Tu as déjà piloté une
Eliminator Nounours ?» - «Non, je n'ai jamais
piloté de moto, je suis ton copilote !...» -
«Alors, je monte devant Nounours...» En tout, nous
avons parcouru 32 kilomètres sur des chemins de
terre, jonchés de rochers, de cailloux et
parsemés de creux en long ou en large où il ne
fallait surtout pas s'arrêter, même pour les
prendre en photo. Ces chemins sont tout en virages
très serrés le long de ravins de rochers
impressionnants. Pour monter, la Kawa s'est
révélée très performante, pas
besoin de forcer le moteur mais en descendant, je me suis
dit: «Mon brave Nounours, je ne sais pas comment il
arrive à tenir la moto, il ne faudrait surtout pas
bloquer une roue en freinant, je ne sais pas où on
atterrirait...»
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