Nounours - Coustouges, menhir de La Pedra Dreta (Espagne)

Mardi 9 juin 2013

Mardi, mon pilote mon pilote sortit la Titine. Il mit les casse-croûtes, les boissons et l'appareil photo dans les sacoches. «Où va-t-on mon fidèle pilote ?» - «En Espagne !» me répondit-il. «Nous allons voir le menhir de La Pedra Dreta à Maçanet de Cabrenys...» - «Un menhir d'Obélix ?» - «Comme ceux d'Obélix Nounours, mais de la préhistoire et en Hispanie.» Nous partîmes vers l'Espagne par Saint-Laurent-de-Cerdans. Comme nous avons déjà fait un diaporama de la route de Saint-Laurent-de-Cerdans, nous ne nous arrêtons pas avant Coustouges. «Tu ne prends pas les ponts en photo ? C'est bizarre !» - «Nous prendrons en photo ceux d'Espagne Nounours, il y en a des beaux aussi.» - «Tu connais ?» - «Non Nounours. Je n'y suis jamais allé...» Nous fîmes notre première halte pique-nique à Coustouges. Coustouges est la deuxième commune de France la plus au sud après Lamanère. Le village est situé à 832 m d'altitude dans les Pyrénées-Orientales. Autrefois, Coustouges s'appelait Costogia (936), Custajas, Costogia, et enfin Coustouges (fin XIXe siècle). Coustouges dépendait de l'abbaye d'Arles-sur-Tech de 988 jusqu'à la Révolution française. Coustouges doit son nom au poste de garde (custodia) établi par les Romains en 130 avant JC au sommet du col emprunté dès la préhistoire ainsi qu’en témoignent menhirs et dolmens de part et d’autre du Riu Major, le ruisseau délimitant, depuis le Traité des Pyrénées (1659), la frontière entre la France et l’Espagne. Depuis l’Antiquité, le col de Coustouges a connu de nombreuses invasions.


Après la loi de Rome, le village a subi celle des Wisigoths, alliés des Francs contre les Sarrasins, puis celle des rois d’Aragon, de Majorque et de France. Il n’a pas été épargné par les guerres de la Révolution et de l’Empire ni par les guerres civiles espagnoles. L'église Sainte-Marie est particulièrement bien conservée. L’église de Coustouges a été consacrée en 1142. Dans les actes, elle est mentionnée comme la Bienveillante Sainte Marie (BV Sainte Marie). Elle est aussi connue sous le nom de Notre-Dame des Épines. Selon la tradition, elle fut trouvée dans un buisson d’aubépines. La magnifique statue de la vierge et de l’enfant Jésus, qui se trouve dans la niche au-dessus et derrière l’autel, tient une branche d’aubépine dans sa main droite. La robe blanche de mariée de Marie et le vêtement de baptême de Jésus sont des offrandes à l’église pour la statue. Sur le mur gauche de la nef, sous une petite statue de Jeanne d’Arc, on peut voir les sculptures des 12 apôtres. À l’origine, l’église de Coustouges était fortifiée par des remparts. Encore aujourd’hui, on peut voir sur les murs solides et compacts les traces de son passé féodal. Les murs ont des contreforts, ce qui contribue à renforcer l’impression de solidité. Sur la face sud s’élève une tour décorée de bandes lombardes qui était, à partir du XIVe siècle, la demeure du seigneur du domaine, désigné par les rois de Majorque. Le portail possède quatre colonnes richement sculptées et des chapiteaux en pierre de travertin. Ce portail d’entrée est sans doute le plus élégant de toute la statuaire romane de Catalogne. Des thèmes aussi divers que les mythes de l’Antiquité et les légendes médiévales s’unissent dans une même décoration, avec une Gorgone couverte de serpents, entourée de lions ailés, de monstres gargantuesques et de cigognes aux longs cous. Les pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle y passaient la nuit. Les deux oculi au-dessus de l’arc triomphal sont ornés de vitraux aux couleurs dominantes bleu et rouge. Sous le porche, un grand Christ leur fait face. Deux fois par an, en mai et juillet, à 9 heures du matin approximativement, un rayon de soleil traverse la nef et illumine les pieds du Christ d'un cercle bleu... Puis, nous passons le Col de Coustouges et descendons vers l'Espagne.

Les paysages sont différents des Pyrénées-Orientales. En quelques centaines de mètres, nous passons d'un monde à un autre. La route de Tapis (Espagne) est très large. Je dis à mon pilote: «Ne te laisse pas aller à rouler trop vite, c'est une route de montagne et les virages sont sévères !» Nous arrivons à Tapis et le voilà qui s'engouffre dans le village où les ruelles (comme celles de Coustouges) feraient passer celles d'Arles-sur-Tech pour des avenues. Ma Kawasaki Eliminator passe tout juste, ça grimpe ! Tapis est un hameau de la Catalogne espagnole après Coustouges. Tapis est mentionné la première fois dans un document de 954. En 2005 Tapis comptait... 25 habitants ! L'église Saint-Brice date de la fin du XIIe siècle. Elle comprend une nef surmontée d'une voûte en berceau et deux chapelles latérales qui font office de transepts. L'abside, semi-circulaire, avec une voûte en amande, s'ouvre sur la nef par un arc double. Après la visite de Tapis, nous regagnons la route de Maçanet de Cabrenys. Au col, mon pilote me dit: «Nounours, je suis trop déglingué, pour aller voir le menhir de La Pedra Dreta, nous n'avons qu'une solution, prendre ce chemin de terre...» Et nous voilà sur ce chemin rocailleux dans une forêt de chênes-lièges... en Espagne. Ça secoue, c'est très chaotique mais mon Eliminator passe. Nous arrivons au menhir où nous faisons une pause. Par cette chaleur cuisante, il faut boire souvent. Nous croisons d'immenses brebis en pleine forêt de chênes-lièges. Puis, nous revenons sur la route de Maçanet de Cabrenys. Nous ressortons de la route pour aller visiter le village.

Maçanet de Cabrenys est une commune espagnole située dans la province de Gérone dans la communauté autonome de Catalogne (comarque d'Alt Empordà). Au XIXe siècle, près de la rivière Arnera, des haches néolithiques ont été trouvées. Avec le menhir de La Pedra Dreta, cela démontre que la vallée de l'Arnera était peuplée à l'époque préhistorique. Le premier document nommant le lieu apparaît dans le précepte de Louis le Pieux de 814. Au Moyen-Âge, le sanctuaire de Les Salines a été fortifié, en conservant la muraille avec trois couvertures du XVe siècle. En 1440, on a ajouté Cabrenys à Maçanet, la possession du village passa à la baronnie de Cabrenys. En 1553 la peste noire a anéantit la moitié de la population. En juillet 1675 le lieutenant-général français Le Bret, avec 1 500 hommes, a pillé le village. L'entrée au village se fait sur une superbe petite route gardée par deux statues (des béliers chevauchés d'anges). Nous faisons notre seconde halte pique-nique entre deux menhirs, sur une table en pierre sculptée. Nous avons pris en photo deux ponts modernes sur cette petite route, aussi impressionnants et tout aussi vertigineux que ceux de l'autoroute de Barcelone. Nous continuons vers Darnius et nous ressortons de la route pour aller visiter San Lorenzo de la Muga. Nous ferons toutes les ruelles du centre pour ne trouver qu'une vue acceptable de l'église d'une autre rue. Sant Llorenç de la Muga (San Lorenzo de la Muga) est une commune d'Espagne dans la communauté autonome de Catalogne dans la province de Gérone (comarque d'Alt Empordà). C'est à Sant Llorenç de la Muga qu'eut lieu la Bataille de la Sierra Negra en 1794 entre les troupes françaises et espagnoles. Nous nous arrêtons à un magnifique pont du Moyen-Âge et nous continuons vers la N11 en direction de Figueras. À la hauteur de Figueras (Figueres en catalan, Figueras en castillan), mon pilote était HS, la chaleur était écrasante, heureusement qu'il y avait ce petit vent de la Méditerranée durant toute notre balade qui nous rafraîchissait un peu. «Nounours, nous irons à Figueras une autre fois, nous allons rentrer par La Jonquère, il est déjà tard et je suis vidé.»

Nous sommes rentrés à Arles-sur-Tech par Le Perthus et Le Boulou. Il y avait tellement de monde et de circulation mardi au Perthus que nous sommes passés sans nous arrêter (à La Jonquère, c'était encore pire). Nous avons fait une pause au Laëtitia en descendant
Le Perthus pour boire un Coca. Il y a deux façons de visiter la Catalogne: Filer sur l'autoroute Perpignan-Barcelone ou flâner sur les petites routes dans des décors de cartes postales et visiter les hameaux, les monuments et les sites historiques, dans les Pyrénées-Orientales (la Catalogne française) et en Catalogne espagnole. En France et en Espagne, nous avons croisé beaucoup de motards. Pour l'annectote, nous avons vu des moto-écoles (mieux équipées qu'en France) dans les ruelles de Maçanet de Cabrenys et sur la route de Darnius (près du pont du Moyen-Âge). Les moto-écoles ont fait de grands saluts à Nounours the Super Biker. Je commence lentement à devenir une star en Espagne où on m'a pris en photo.

Alors que l'été joue les prolongtions en fin octobre, des photos de Coustouges prises le dimanche 27 octobre 2013 ont été ajoutées au diaporama "Coustouges - Tapis". D'autres ont été ajoutées au diaporama "Serralongues - Lamanère".



Arles-sur-Tech: Nounours au dolmen de la Caixa de Rotllan

Dimanche 14 juillet 2013

Alors ça, c'est une journée à marquer dans les anales. Faisons en vitesse le bilan de mon pilote. Au dernier relevé, son diabète était à 3,4, les deux côtés de sa pompe sont HS, il a de la flotte plein les éponges, des crampes aux bras et aux guiboles (pire que l'onglée) et il s'est offert en prime 3 attaques cérébrales. Bref, personne ne voudrait plus d'un pilote dans un tel état. Depuis trois jours, nous cherchons le dolmen de La Caixa de Rotllan au-dessus d'Arles-sur-Tech. Hier, samedi 13, nous nous sommes trompés de chemin, nous avons visité le secteur de la piscine, du Riuferrer et du pin parasol, des endroits d'Arles-sur-Tech qu'il ne connaissait pas. Vous reconnaîtrez le coin où nous sommes basés, entre les deux tours de l'abbaye vues du dessus. Nous avions bien repéré l'écriteau "Dolmen" mais c'était le sentier de randonnée, 2 heures 45 de marche, impossible pour lui. Ce dimanche matin, nous sommes repartis à la recherche de notre dolmen. Vers Amélie-les-Bains, nous avons pris à gauche à la station-service, la petite route longeant la rivière Bonabosc. Très vite, la route devint un chemin de terre, ça secoue, ça grimpe sévère, les virages sont à la limite et plus nous montons, plus les roches sortent du chemin. Par endroits, je me demandais comment mon Eliminator pouvait grimper ça et surtout, comment mon pilote réussissait à tenir ma Kawasaki.


Plus nous gravissions ce chemin, plus il y avait de rochers et de creux profonds, je me suis dit: «Mon brave Nounours, il a décidé de nous perdre en montagne, jamais nous ne rentrerons de cette épopée...» Et il continuait... Où nous sommes-nous engouffrés ? Puis, nous vîmes l'écriteau "Route forestière du Dolmen"... «Nous sommes sur le bon chemin, Nounours...» me hurla-t-il... Nous arrivâmes à un croisement de chemins. Il n'y avait aucun écriteau, où aller ? Nous prîmes à gauche, le chemin qui descendait. Au bout d'un kilomètre, c'était un cul-de-sac. Pourtant, nous étions certains que le dolmen était là, tout près. Il a un peu cherché mais rien. Nous sommes donc repartis au croisement des deux chemins et nous prîmes celui qui montait. Là, il a eu des doutes. Après plusieurs kilomètres d'un chemin de plus en plus chaotique, nous arrivâmes à un autre croisement de chemins. Il arrêta la moto et vit le panneau "Route forestière du Dolmen"... dans l'autre sens. Il me dit: «Nous sommes perdus Nounours, à au moins 18 km d'Arles-sur-Tech dans le massif du Canigou. Tout à coup, nous vîmes arriver une jeune cycliste qui s'est arrêtée. Cette jeune cycliste faisait l'autre sentier de randonnée, quel courage ! Mon pilote alla vers elle et lui demanda où était le dolmen. Elle lui expliqua que nous devions revenir sur nos pas, que nous l'avions dépassé de plus de 7 km. Selon ses indications, c'était bien le premier chemin en cul-de-sac où nous sommes allés. Nous avions vu de magnifiques ruines du Moyen-Âge, une très jolie habitation, là-haut, en plein dans le massif du Canigou. Il mit le compteur journalier de la moto à zéro et nous retournâmes au fameux croisement des chemins à plus de 7 km. Nous reprîmes le chemin qui descendait, au bout du chemin, il gara l'Eliminator et alla voir à pied. Il vît le petit écriteau vert: "Dolmen". «Nounours, nous y sommes ! Il était bien là !»

C'est ici que moi, Nounours, je fis ma première balade à pied. Mon pilote ôta en effet mes sangles et me dit: «Tu viens au dolmen avec Nounours...» Les 100 mètres à faire à pied n'ont pas été faciles, ça grimpe et c'est plein de cailloux. J'ai cru entendre l'orage, c'était ses pistons qui explosaient. Tout à coup, il était là, juste devant nous: Le dolmen de La Caixa de Rotllan ! J'ai posé devant et dessus et même dedans.

La Caixa de Rotllan est un dolmen situé sur la commune d'Arles-sur-Tech, dans les Pyrénées-Orientales, qui date de la seconde moitié du IIIe millénaire avant J-C. En catalan, son nom signifie "tombeau de Roland". En effet, selon la légende, le chevalier Roland a vécu dans le Vallespir. Après voir été tué à la bataille de Roncevaux, son corps a été ramené par son cheval et fut inhumé au dolmen. Les dolmens sont bien d'anciennes sépultures, ils ont cependant été érigés bien avant les aventures du chevalier Roland. Le dolmen de La Caixa de Rotllan est constitué de trois pierres verticales formant un "H" surmontées d'une dalle. Dessous, il y a une chambre de forme rectangulaire. La chambre est fermée au milieu par une pierre verticale. Ce dolmen, classé monument historique, n'a jamais fait l'objet de fouilles archéologiques. La Caixa de Rotllan fait partie des cent quarante huit dolmens recensés dans les Pyrénées-Orientales. Ils sont situés dans des zones accidentées ou montagneuses, sur un col ou une ligne de crête. Le dolmen de La Caixa de Rotllan est situé sur une ligne de crête du flanc Sud du massif du Canigou, au pied d'un chaos de rochers en granite, dans le Vallespir, à la limite des communes d'Arles-sur-Tech et de Montbolo. Deux chemins permettent d'accéder au dolmen depuis Arles-sur-Tech, la piste de randonnée (trop longue à pied) et ce chemin de la rivière, nous avons pris la piste serpentant le long de la rivière Bonabosc puis un petit sentier d'une soixantaine de mètres à travers les bois. La Caixa de Rotllan date de la période du chalcolithique (début de l'Âge du bronze), durant la seconde moitié du IIIe millénaire avant J-C. En très bon état, il est fait de trois dalles verticales surmontées d'une quatrième, formant une chambre rectangulaire. Le dolmen est entouré d'un tumulus cirulaire d'environ dix mètres de diamètre. Les montants latéraux sont deux blocs d'une épaisseur de 20 à 57 cm, de 2,40 m de long et de 1,30 m de hauteur hors-sol. La dalle de fond mesure 1,20 m de haut, 1,25 m de large et 20 cm d'épaisseur en moyenne. La dalle de couverture fait 2,60 m de long pour 1,50 m de large. Son épaisseur est de 20 à 45 cm. Les dalles de soutien ne lui apportent que trois points d'appui. L'ensemble délimite une chambre rectangulaire de 2 m sur 1,30 m environ. L'ensemble donne un plan en forme de "H": la dalle de chevet étant encadrée par les dalles latérales comme la plupart des dolmens des Pyrénées-Orientales.

La dalle de chevet a sans doute été placée en premier, les dalles latérales ensuite. Le nom catalan du dolmen signifie "le tombeau de Roland". Les mégalithes des Pyrénées-Orientales portent souvent des noms de personnages mythiques comme Roland, d'autres lieux tout proches portent le même nom légendaire de Roland. À 1 500 m au nord de La Caixa en suivant la ligne de crête se trouve le Palet de Rotllan. Plus au nord, l'abeurador del cavall de Rotllan (abreuvoir du cheval de Roland) est un bassin où le chevalier légendaire aurait fait boire son cheval. La Cova d'en Rotllan (grotte de Roland) est un autre dolmen, situé sur la commune de Corsavy, où Roland aurait eu l'habitude de se reposer. Selon La Chanson de Roland, les corps de Roland, du chevalier Olivier et de Jean Turpin, morts à la bataille de Roncevaux, furent transportés par Charlemagne et inhumés dans la basilique Saint-Romain de Blaye en Gironde. Une autre légende rapporte que le cheval de Roland a emporté le corps du chevalier dans le Vallespir. Plusieurs toponymes de la région font référence aux empreintes de pas qu'aurait laissé son cheval.

Depuis le Moyen-Âge, le dolmen et utilisé comme borne pour délimiter Arles-sur-Tech et Montbolo. La limite actuelle des deux communes passe tout près du dolmen. Le dolmen a été classé monument historique en 1889. Le dolmen est mentionné dès le XIXe siècle dans différents guides touristiques en France et en Angleterre. Au XIXe siècle, il fut nommé sous la forme francisée "Caxa de Roland".

De retour à la Kawasaki Eliminator, je me suis assis au poste de pilotage: «Tu es complètement destroy, je pilote, monte à l'arrière...» - «Tu as déjà piloté une Eliminator Nounours ?» - «Non, je n'ai jamais piloté de moto, je suis ton copilote !...» - «Alors, je monte devant Nounours...» En tout, nous avons parcouru 32 kilomètres sur des chemins de terre, jonchés de rochers, de cailloux et parsemés de creux en long ou en large où il ne fallait surtout pas s'arrêter, même pour les prendre en photo. Ces chemins sont tout en virages très serrés le long de ravins de rochers impressionnants. Pour monter, la Kawa s'est révélée très performante, pas besoin de forcer le moteur mais en descendant, je me suis dit: «Mon brave Nounours, je ne sais pas comment il arrive à tenir la moto, il ne faudrait surtout pas bloquer une roue en freinant, je ne sais pas où on atterrirait...»

© 2013 by Michel Mahler - Le Réveil des Marmottes


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