L'histoire
de la
Catalogne


Mardi 20 août 2013

Il est important, quand on visite les nombreux sites médiévaux en Catalogne, de bien situer l'époque où on se trouve. Voici donc l'histoire succincte de la Catalogne d'après des ouvrages d'historiens. La carte de gauche représente la Catalogne avant le Traité des Pyrénées. La guerre de Trente ans s’est achevée en 1648 mais la lutte entre la France et la monarchie hispanique a continué (Guerre des "Segadors" ou "Moissonneurs"). Cette guerre prendra fin en 1659 avec la signature du Traité des Pyrénées. Philippe IV, le roi d'Espagne, livra à Louis XIV, le roi de France, le Roussillon, le Conflent, le Vallespir et une partie de la Cerdagne, territoires qu’il sacrifia pour conserver la Flandre, violant ainsi les Constitutions de la Catalogne. Le Traité des Pyrénées, signé par les représentants royaux, Luis Méndez de Haro (Espagne) et le cardinal Mazarin (France), mit fin à l’affrontement entre les deux monarchies commencé en 1635. Le Nord de la Catalogne a toujours été convoité par la France. Ce n’était pas la première fois que les monarques l’utilisaient comme "monnaie d’échange". Jean II avait offert le Roussillon au roi de France en 1462 en échange du financement et du soutien militaire pour mener sa guerre contre la Generalitat. Ferdinand II (Espagne) a repris le Roussillon en 1493.

Côté français, la Catalogne du Nord est sous le dictat d'un État centralisé (la royauté, l'Empire puis la République) et a perdu toute forme d'autonomie. Il n'en est pas de même pour la Catalogne espagnole. La Catalogne (Catalunya en catalan, Cataluña en espagnol) est une région de 31 930 km² (à peu près la Belgique) située au nord-est de l'Espagne. Elle est limitée au nord par la France et la principauté d'Andorre, à l'ouest par l'Aragon, au sud par le Pays valencien (Espagne) et à l’est par la mer Méditerranée. La Catalogne forme une Communauté autonome au sein de l'Espagne. La Catalogne est divisée administrativement en quatre provinces: Barcelona (Barcelone), Gerona (Gérone), Lérida (Lleida) et Tarragona (Tarragone). La ville de Llivia (en catalan, Llívia) est située en territoire français, dans les Pyrénées-Orientales, mais fait partie de la province de Girona (Gérone). Le catalan est la langue maternelle, l'espagnol et/ou le français des secondes langues. Une route "neutre" relie Llivia à la Catalogne espagnole, la ville est située à 153 km au nord de la capitale de sa province, Girona. Llivia est la seule enclave étrangère en sol français. La ville de Llivia fait partie de la Catalogne historique: Les Pyrénées-Orientales (la Catalogne-Nord, en catalan, Catalunya Nord) et la Catalogne du Sud, l'actuelle communauté autonome d'Espagne. La Catalogne du Nord est le territoire espagnol cédé à la Couronne de France par la Couronne d'Espagne en 1659 lors du traité des Pyrénées (à l'exception de Llivia, la seule ville espagnole en territoire français avec Le Perthus, à moitié français et espagnol). La Catalogne-Nord (Catalunya Nord) correspond à l’actuel département français des Pyrénées-Orientales (66).

La structure administrative des communautés autonomes en Espagne diffère des structures des autres pays fédérés. En Catalogne, le chef de l'Exécutif est le "président" ("President" ou "Presidenta") assisté d'un Conseller Primer del Govern (premier conseiller du Gouvernement) ou, depuis 2006, d'un vice-président ("Vicepresident" ou "Vicepresidenta") et de plusieurs conseillers ("conseller" ou "consellera"). La Catalogne est la plus riche et la plus dynamique des régions de l'Espagne. La Catalogne compte de nombreux immigrants. La Catalogne n'est donc pas une région ethnique, en Catalogne, le concept "pure souche" est inconnu et inapplicable. La cohésion sociale est plus importante que l'homogénéité ethnique. En Catalogne, est catalan qui veut l'être. Le projet catalan est civique et non ethnique... Le catalan est une langue romane comme l’espagnol, le portugais, l’italien ou le français. Jusqu'au Moyen-Âge, le catalan et l'occitan (France) ne faisaient qu'une seule langue. Le catalan est considéré comme une langue ibéro-romane septentrionale. Pour certains linguistes, le catalan serait à classer dans les langues gallo-romanes méridionales (comme l'occitan). Le catalan diffère de l'espagnol dans son histoire, sa phonétique, sa grammaire et son vocabulaire.



Le 30 septembre 2005, le Parlement catalan a adopté un nouveau Statut d'autonomie (Estatut), le troisième de son histoire. L'Estatut entendait faire reconnaître la Catalogne comme une "nation", bénéficiant d'une souveraineté fiscale et judiciaire et dont les citoyens ont «le devoir de déterminer librement leur futur en tant que peuple». Le texte énumère les droits fondamentaux des Catalans et définit comme relevant de la compétence exclusive de la Catalogne la justice, le droit civil, la fiscalité, l'éducation, l'immigration, l'agriculture, l'eau, le sport, les routes, les ports et les aéroports. Tous les impôts seraient collectés et gérés par les institutions catalanes qui céderaient au pouvoir central un «quota annuel» au titre des services rendus par l'État espagnol en Catalogne et au titre de la «solidarité avec d'autres régions». Le texte constitutionnel devait être adopté par les Cortès de Madrid (Chambre des députés) où le projet catalan a été jugé "anticonstitutionnel" par les deux grands partis nationaux. Le mot "nación" (nation) proposé par le Parlement catalan n'a pas réussi à passer. Le Parlement catalan avait pris ses précautions: il avait utilisé une formulation indirecte mentionnant que c'est le parlement qui, d'après la volonté des citoyens de la Catalogne, a défini comme "nation" la population de la Catalogne, tandis que la Constitution espagnole reconnaissait la réalité de la Catalogne comme une "nationalité". Le texte final du nouveau statut d'autonomie a fini par être un peu édulcoré lorsque les Cortès l'ont approuvé le 30 mars 2006. Ainsi, la Catalogne comme "nation" (nación) a disparu pour faire place à la "nationalité" (nacionalitat/nacionalidad): «El Parlament de Catalunya, recogiendo el sentimiento y la voluntad de la ciudadanía de Catalunya, ha definido de forma ampliamente mayoritaria a Catalunya como nación. La Constitución Española, en su artículo segundo, reconoce la realidad nacional de Catalunya como nacionalidad» (Le Parlement de la Catalogne, rassemblant le sentiment et la volonté des citoyens de la Catalogne, a défini comme nation la population amplement majoritaire de la Catalogne. La Constitution espagnole, dans son second article, reconnaît la réalité nationale de la Catalogne comme nationalité). La Catalogne, en tant que nationalité, exerce son auto-gouvernance constituée en Communauté autonome en accord avec la Constitution et son Statut, qui est sa norme institutionnelle.

La Catalogne ne récupère que 50 % des recettes de l'impôt sur le revenu, 50 % des taxes à la consommation (au lieu de 35 %) et 58 % des taxes spéciales (tabac, essence, etc...). Avec le Pays basque et la Navarre, la Catalogne est l'une des rares Communautés autonomes d'Espagne à disposer de sa propre police, de son éducation, de sa justice et de sa santé. Le 18 juin 2006, le texte final a été soumis à la consultation des Catalans qui l'ont approuvé avec une forte majorité (74 %). En 1979, le premier Statut d'autonomie avait été accepté par plus de 88 %. Le président du gouvernement catalan affirmait: «Le nouveau statut est mieux qu'avant, mais ce n'est qu'un pas en avant [...] Ce qui importe, c'est de récupérer ce qui nous manque encore dans le statut d'autonomie.» Son successeur croit que «le statut d'autonomie de la Catalogne est la locomotive d'un futur État fédéral. D'autres régions, dont le Pays basque, les Baléares et l'Andalousie, suivent le dossier de près, afin d'étoffer leurs propres revendications.

En France, les régions découpées arbitrairement par Serge Antoine en 1956 ne sont représentatives ni des populations ni de l'Histoire ni de la géographie. Les Pyrénées-Orientales furent incluses à la région Languedoc-Roussillon comprenant l'Aude (11), le Gard (30), l'Hérault (34), la Lozère (48) et les Pyrénées-Orientales (66). La capitale de Languedoc-Roussillon est Montpellier, ce qui est un non-sens absolu. Les départements formant la France datant de 1789 et issus de l'ancien régime étaient plus justes que les régions découpées par Serge Antoine en 1956 et remaniées par la suite. Seules la région Corse (Haute-Corse, Basse-Corse) et l'Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) disposent d'un "statut spécial". En réalité, l'État centralisé devait conserver les droits féodaux issus de la monarchie après la Révolution de 1789, l'Empire et la République ne feront que les renforcer. La Catalogne Nord est, par son histoire et sa géographie, une région naturelle de la France depuis de Traité des Pyrénées. Elle devrait être reconnue comme telle et, comme la Catalogne du Sud en Espagne, disposer d'une autonomie. Mais pour cela, il faudrait à la France une autre Constitution. Les régions furent remodelées pour soi disant favoriser la "décentralisation". Quelle décentralisation ?

© 2013 by Michel Mahler - Le Réveil des Marmottes


Catalogne