Et
nous n'avons pas de parachute sur notre Eliminator. Je me
suis murmuré à moi-même: «Avec son
vertige, il ne passera jamais...» Nous sommes
passés quand-même et nous sommes arrivés
à Reynès où j'ai roulé sur le
Pont de la rivière Kwaï -sur le pont du Tech,
pardon- et nous sommes montés vers le massif
au-dessus de Reynès vers Le Vila. La route est
très petite et les lacets ne sont pas adaptés
à un pilote complètement destroy qui en plus a
le vertige à 50 cm de haut. Nous voyons Reynès
en bas, jusqu'à Céret. Vertigineux ! Et
là, mais il fallait s'en douter, il a bifurqué
à droite et a pris une route encore plus
étroite pour aller à Notre-Dame-de-la-Roura de
la paroisse de Taillet. Il a réussi à aller
jusqu'à la chapelle avec la Kawa et a même fait
le tour du hameau (marcher aurait été pour lui
impossible aujourd'hui). Nous avons fait une longue halte
pique-nique à la chapelle Notre-Dame-de-la-Roura, il
est allé visiter la chapelle pendant que je
goûtais à mon triomphe habituel. Il fallait
qu'il mange un petit peu s'il ne voulait pas partir en
vrille, les ruelles descendent autant qu'elle montaient dans
l'autre sens. Vraiment vertigineux ! Durant tout le trajet,
je lui ai dit: «Oublie tes campes, ton vertige, et
répond aux gens à pied, aux touristes en
voiture et aux motards qui font de grands saluts à
Nounours...»
Reynès compte 1204
habitants (seulement 44 habitants au km²)
répartis sur une très grande superficie (27,56
km²). La commune de Reynès s'étend du
Tech jusqu'à la frontière espagnole. Son point
culminant est le Roc de France. Reynès comprend une
multitude de lieux-dits situés à une altitude
allant de 132 m à 1440 m: Reynès (Reiners en
catalan, le village proprement dit), les hameaux du
Pont-de-Reynès, le Vila (de l'autre coté du
Tech où se trouve la chapelle
Notre-Dame-de-la-Roura), Mas-Carol, San-Pau et sa chapelle
du XVIIe siècle (de l'autre coté du pont), la
Cabanassa, La Farga ("La Forge") et le Vert-Vallon avant
Reynès en venant de Perpignan. Le Pont Neuf, de type
Gustave Eiffel, était un pont ferroviaire de 1883
à 1965. Si on ne peut pas passer en voiture, moi,
Nounours le motard du cosmos, je suis passé avec ma
Kawasaki. À Reynès, on peut admirer la
chapelle Saint-Vincent du XVIIIe siècle ("Notre Dame
des Neiges") au pied du château de Reynès (il
faudra qu'on y retourne car nous n'avons pas tout
visité).
Le village de Reynès remonte à la
préhistoire. Des vestiges datant d'entre 5000 et 2000
ans avant JC y ont été retrouvés au
lieu-dit "Cova de la Dona": Des fragments de poteries, une
hache de pierre verte polie, des éléments de
colliers et un poinçon en os poli. Un dolmen se
dresse toujours au lieu-dit du Camp d'en Seris ainsi que
quelques vestiges du Néolithique tardif. En 1600,
Alexis d'Albert accorde la construction d'une forge (La
Farga -"La Forge"-, avant Amélie-les-Bains).
Dès 1630 (guerre de 30 ans), les Français
s'opposent au roi d'Aragon, la population de la
région est hostile à la France, c'est pourtant
la France qui récupère les anciens
comtés à la signature du traité des
Pyrénées en 1659. En 1674, Louis XIV impose la
Gabelle (impôt sur le sel) aux comtés du
Roussillon et de Cerdagne. Les habitants du Vallespir
entrèrent en rébellion, cela entraîna la
baisse de la population du village et des naissance (les
hommes étaient dans le maquis et beaucoup furent
tués dans le conflit). La commune de Reynès
fut officiellement déclarée sous la
Révolution française. Dès 1793, une
autre guerre entre la France et l'Espagne fait encore
baisser la population. Les habitants étaient
plutôt favorables aux Espagnols, la France comme
l'Espagne avaient tenté de réduire à
néant la culture catalane. Le train arrive dans le
Vallespir à la fin du XIXe siècle. Le "Pont
Neuf" fut construit à Reynès en 1883. Il
servit jusqu'en 1965 (arrêt de l'exploitation de la
ligne). Depuis, il est destiné uniquement aux
cyclistes et aux piétons. Il est surmonté des
vestiges des voies ferrées, la voie où je suis
passé avec la Kawa est en-dessous. La
départementale de Perpignan passe sur le pont du
Moyen-Âge à une arche, en voiture ou en bus, on
ne s'en rend pas vraiment compte. Pour aller d'un hameau
à l'autre, on emprunte le pont moderne
parallèle à l'ancien pont de chemin de fer.
Moi, Nounours le motard du cosmos, je suis passé sur
les trois ponts avec ma Kawa. Je ne suis pas sur toutes les
photos car le diaporama comprend des photos du 8 et du 17
mai 2013 (sans moi) et celles de ce mardi 11 juin 2013, du
Vila (El Vilar) et de Notre-Dame-de-la-Roura (paroisse de
Taillet) où je suis allé avec ma moto.
En fin d'après-midi, nous sommes rentrés
à Arles-sur-Tech en nous arrêtant à une
terrasse à Amélie-les-Bains (par la
départementale normale de Perpignan). Il y en avait
du monde. Quel triomphe ! On me prend en photo, on me filme,
on pose à côté de Nounours le motard.
Nous sommes enfin arrivés à Arles-sur-Tech
où des Allemands (et une Allemande) se sont
garés à côté de ma Kawa avec
leurs BMW. Le reste de la troupe n'est pas visible sur la
photo (à la fin du diaporama). Je n'ai pas
compté combien de motos sont passées pendant
qu'il buvait son café à la terrasse. Ceci dit,
il faudra qu'il change les piles de ma guitare
électrique. Quand des curieux la touchent, elle joue
des solos de Hard Rock. Surprenant !
Le jeudi 15 août 2013, nous sommes enfin allés
à Taillet. 14 photos de Taillet ont été
ajoutées au diaporama. Taillet est un petit village
du massif des Aspres bâti sur un site
préhistorique. Il est courant de trouver dans les
montagnes environnantes des vestiges du Néolithique
mais aucune trace préhistorique n'est présente
à Taillet. Taillet est apparu au Moyen-Âge
(conquête de la plaine du Roussillon par Charlemagne).
Cette conquête (en 811) mit fin à une
succession de dominations diverses: les Celtes (500 avant
J-C), les Romains (121 avant J-C ), les Wisigoths (408) et
les Sarrasins (739) eux même chassés par les
Carolingiens. Nous connaissons peu de choses de l'histoire
de Taillet. Au Moyen-Âge, le village était une
possession de la puissante famille d'Oms. Le 24 juillet
1357, Bérenger II d'Oms reçut de Pierre III
d'Aragon la haute et basse justice du village, ce qui
rendait le seigneur encore plus puissant. Il reçut
cette justice en même temps que celle d'Oms. Taillet
possède des édifices religieux:
L'église Saint-Valentin, consacrée en 1141,
bâtie selon un plan à nef unique avec une
abside semi-circulaire, l'église Notre-Dame-del-Roure
(Notre-Dame-de-la-Roura) et quelques oratoires.
Notre-Dame-de-la-Roura est un minuscule hameau blotti autour
de l'église. Le hameau de Notre-Dame-del-Roure est
situé sur le territoire de Taillet et domine le
village. L'église du hameau est un ancien vestige
d'un village autrefois paroissial. L'église est
d'origine romane, elle contient des peintures murales du
XIIe siècle, une porte du XVIe siècle et un
retable de 1651. Nous sommes partis de Riunoguès (le
massif des Albères, en face du Canigou) puis,
à Céret, nous avons pris le Col de Llauro
(massif des Aspres) et nous avons bifurqué vers Oms.
De là, nous avons pris la petite route des
crêtes nous ramenant à Reynès (à
6,5 km de Céret). Nous nous sommes longuement
arrêtés à Taillet en faisant le tour du
village avec l'Eliminator (pour éviter à mon
pilote d'avoir trop à marcher). Surprenant et
très joli village médiéval, la route
vaut elle aussi le détour. On domine toute la
vallée (Reynès, Céret, jusqu'à
la Méditerranée). Là-haut, dans les
montagnes des Pyrénées, moi, Nounours le
motard, j'ai vu... des lamas ! Vivant en toute
liberté, avec juste une petite clôture comme
pour les chevaux, ces charmantes bêtes ne sont pas du
tout belliqueuses, les lamas n'ont même pas
craché sur mon pilote quand il est allé les
voir de tout près. Le lama vit en principe dans la
Cordillère des Andes.
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