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Pierre Boulle - Les jeux de l'esprit
Jeudi 4 avril 2013

Pierre Boulle est né le 20 février 19121 à Avignon, il est mort le 30 janvier 1994 à Paris. Écrivain français. il est l'auteur du "Pont de la rivière Kwai" (1952) et de "La Planète des singes" (1963). Le Pont de la rivière Kwaï et le film de 1957 de David Lean ont assuré la célébrité mondiale de Pierre Boulle qui fut, avec Jacques Spitz et René Barjavel, un des pionniers de la science-fiction française. Dans "Une Nuit Interminable", publiée dans "Les Contes de l'absurde" (1953), Pierre Boulle joue avec les paradoxes temporels. C'est le premier recueil de nouvelles de science-fiction françaises. Pierre Boulle est l'un des auteurs français les plus traduits et les plus connus à l'étranger, plus particulièrement aux États-Unis où ses romans connurent un grand succès au travers les adaptations cinématographiques du Pont de la rivière Kwaï et de La Planète des singes. Dans la série télévisée dérivée d'X-Files, "The Lone Gunmen" (Au cœur du complot), dans l'épisode "Planet of the Frohikes", on trouve le "Boulle Behavioral Institute" (en hommage à l'auteur), et dans d'épisode 4 de la première saison de X-Files, le ranger ("le Diable du New Jersey") s'appelle "Peter Boulle". "La Planète des singes", considéré comme un classique de la science-fiction, connut un grand succès à sa sortie en 1963. Depuis 1968, le livre a connu sept adaptations cinématographiques américaines (dont la dernière en 2011), une série télévisée et de nombreuses bandes dessinées.

Dans le roman original, le professeur Antelle organise une mission vers l’étoile Bételgeuse. Avec le physicien Levain et le journaliste Ulysse Mérou, ils découvrent une planète semblable à la Terre et décident de l'explorer. Ils constatent alors avec horreur qu'elle est dominée par des primates chassant les hommes comme des bêtes sauvages... Le film met en avant les dangers de la guerre nucléaire. Trois Américains échouent sur la Terre du futur après avoir traversé le temps lors d'un voyage spatial. L'astronaute Taylor découvre que les singes intelligents ont pris le contrôle de la planète après une guerre qui transforma les continents en déserts, et l'Homme en un être inférieur et muet... Le film de Tim Burton (2001) serait plus proche du roman. Comme dans le livre original, l'action se passe sur une planète inconnue (et non la Terre). Lorsque le héros rejoint la Terre à la fin du film, c'est pour découvrir que les hommes de cette dernière ont subi un sort similaire à ceux de la planète explorée (comme dans le roman).

Les jeux de l'esprit

"Les jeux de l’esprit" de Pierre Boulle est un roman de science-fiction paru en 1971 sur le XXIe siècle, les jeux télévisés violents et un gouvernement mondial de savants... Au début du XXIe siècle, le monde est désespéré par la classe politique. La classe politique elle-même se décourage de l’exercice du pouvoir. Révoltés par la bêtise humaine, un petit groupe de savants met au point, en secret, un nouveau système de gouvernement, où l’élection est remplacée par le mérite scientifique. Le projet est révélé au monde entier par des articles de presse signés par la totalité des titulaires du prix Nobel. Les prix Nobel ne peuvent pas accéder à la présidence, ils constituent le jury qui permet de déterminer quels scientifiques seront élus. Les concurrents doivent être âgés de trente-cinq à cinquante ans. Les épreuves de mathématiques, d’astronomie, de chimie ou de physique permettent d’éliminer des candidats. Les treize derniers sont alors évalués sur leur programme politique, sur ce qu’ils proposent de réaliser au cours de leur mandat de neuf ans. Le vainqueur devient président, et les autres deviennent ses ministres (selon leur classement au concours).

La "conspiration des Nobel", comme on la nomme, vient au bon moment, ses propositions sont immédiatement acceptées par tous les gouvernements du monde. La communauté scientifique, qui a toujours été internationale, abolit aussitôt les nations. Elle élit le président et les ministres de ce gouvernement mondial. Elle délaisse le jeu politique pour un rationalisme égalitaire qui met un terme à la faim dans le monde, à la surpopulation et permet de limiter le temps de travail de chacun à deux heures quotidiennes. Le pari des savants semble gagné. Ils oublient la rivalité séparant les physiciens des biologistes qui s’accusent mutuellement d’anthropocentrisme. Ce succès est rapidement entaché par une épidémie de mélancolie frappant les habitants de la Terre qui provoque une vague de suicides. De nombreuses personnes sont atteintes d’une perte de confiance en soi: des gens habituellement compétents, comme les pilotes d’essai, perdent leurs moyens lorsqu’ils ne sont plus assistés par des machines. Le monde s’abrutit de confort et en demande toujours plus. Les anciens habitants des taudis exigent l’air conditionné partout, le téléphone et la télévision dans chaque pièce, des fenêtres et des stores à commande automatique qu’on peut manœuvrer du lit et un équipement mécanique, électrique, électronique destiné à éviter tout effort. Chacun veut avoir sa piscine. Cette soif de bien-être, ce désir de s’approprier les acquisitions de la science et de la technique sans en comprendre l’esprit et sans avoir participé à l’effort intellectuel de découverte, ne suffisaient pas. Pour satisfaire les gens, il a fallu construire des villes nouvelles où les rues et les places étaient chauffées l’hiver et rafraîchies l’été.

Les scientifiques sont conscients que le confort ne suffit pas, il faut remplir les existences de manière "spirituelle". Ils inventent alors un hymne à la science, un drapeau, des rites, et tentent de convaincre les gens d'assister à des conférences afin de découvrir l’émerveillement intellectuel que l’on peut ressentir face aux prodiges de la nature. Les populations s’y engagent sans vraiment d'enthousiasme. Lorsqu’un astronome ou un mathématicien parvient à susciter un peu d’intérêt chez ses auditeurs, c’est parce que ces derniers pensent que les étoiles servent à établir des horoscopes et que les mathématiques sont un moyen pour gagner aux jeux de hasard. Les scientifiques voulaient absolument éviter cela, une société divisée en deux classes: des savants qui dirigent et la masse superstitieuse qui accepte d’être gouvernée si on la laisse tranquille. Les scientifiques sont déçus et surtout inquiets de voir le nombre de suicides augmenter. Désespérés, ils décident de confier la vice-présidence à Betty Han, une psychologue qui avait tout prévu et qui propose, pour tromper l’ennui de la population mondiale, d’organiser des jeux ultra-violents afin de faire vibrer à l’unisson les milliards d’humains. Notons que dans le film "Mad Max", Beyond Thunderdome, le "dôme du tonnerre", est une cage où ont lieu des duels à mort (deux personnes y entrent, une seule en sortira et tous les coups sont permis) pour satisfaire la soif de sang du public. "Les jeux de l'esprit" de Pierre Boulle inspirera de nombreux films de science-fiction mettant en scène des jeux ultra-violents.

Le plan de Betty Han fonctionne. Devant des spectacles odieux et sanglants, où des équipes de "super-catch" s'égorgent jusqu’à la mort de tous les membres d’une des deux équipes, la foule exulte. Tous les coups sont permis. Les équipes défendent des théories scientifiques dont ils portent le nom: "Théorie des quanta", "Néo-darwinisme"... Le premier championnat du monde est un sinistre spectacle où la foule admire une jeune étudiante en sciences physiques, "Miss Lovely", semblant pouvoir vaincre n’importe quel adversaire. "Miss Lovely" se déchaîne, le corps rougi du sang de ses précédentes victimes, vole littéralement à dans les airs. Assommée, la femme restait affalée sur le sol, la jeune fille se baissa, l’empoigna. Sous les rafales d’applaudissement déclenchées par son geste, elle la fit tourbillonner, l’offrant en sacrifice à son public jusqu’à ce qu’elle-même fût étourdie, grisée par cette valse triomphale. Alors, elle laissa tomber la femme inerte sur le sol et, empoignant son cou, lui brisa les vertèbres cervicales.

Mais ces spectacles lassent vite, les idoles d’un jour sont vite oubliées, leur espérance de vie n’est pas bien longue. Après quelques tournois mondiaux de "super-catch", il faut inventer d’autres sports plus violents, inspirés des tournois médiévaux ou des combats de gladiateurs. Les scientifiques délaissent leurs travaux de recherche fondamentale pour perfectionner les techniques de diffusion des spectacles, pour des sensations plus réalistes grâce à une diffusion stéréoscopique (relief, odeurs, sons...). Les candidats au suicide ne manquent pas, on profite de leur nombre pour inventer une nouvelle forme de jeux: des reconstitutions des grandes batailles (Waterloo, la bataille de la Marne, Trafalgar ou le débarquement sur les plages de Normandie). L’issue des batailles peut être différent de celle des guerres historiques et chaque équipe a le droit de perfectionner son armement, à condition de s’en tenir aux améliorations qui auraient été possibles à l’époque. Afin de défendre leurs équipes respectives, les Nobel de physique et de biologie n’hésitent pas à mettre leur intelligence au service de leur victoire, quitte à tricher un peu. À la fin du roman, les scientifiques ne sont pas parvenus à hisser le peuple à leur niveau intellectuel, ils sont juste parvenus à devenir aussi bêtes que lui.

"Les jeux de l'esprit" n'est pas une idée nouvelle mais Pierre Boulle inspirera des films comme "La Dixième victime" (1965), "Le Prix du Danger" (1983) ou "Running Man" (1987). En revanche, des jeux violents pour tromper l’ennui du peuple face à un trop-plein de confort remontent à l'Antiquité: les jeux du cirque sous l’Empire de Rome (où ils ont doublé) tels que les présentent Juvénal, "Panem et circenses". Les reconstitutions de batailles faisaient partie des spectacles qui étaient donnés dans les amphithéâtres romains. Le roman de Pierre Boulle évoque des sujets plus actuels comme les Reality Shows télévisés où la frontière entre le spectacle et la "vraie vie" s’efface et les jeux vidéo poussant toujours plus loin la surenchère de violence et de thèmes sordides. La différence étant que dans les jeux, la souffrance et la mort sont virtuelles. On peut voir dans "Les jeux de l'esprit" de Pierre Boulle, lorsque le gouvernement scientifique envisage des massacres télévisés pour faire baisser le taux de suicides, les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki officiellement acceptés par une partie de la communauté scientifique pour épargner les hypothétiques morts qu’aurait
provoqué la guerre si elle avait continué. Pierre Boulle pose en fait des questions: La soif de connaissances persistera-t-elle lorsque le confort de chacun sera assuré ? Le progrès scientifique peut-il rendre idiot ? Le confort peut-il devenir un handicap ? Est-il plus terrible de ne pas avoir de temps libre que de ne pas savoir comment occuper son temps libre ? À quoi servent réellement les spectacles sportifs ?



Jacques Bergier: Le livre de l'inexplicable

Jacques Bergier est né en 1912 à Odessa (Ukraine). Ingénieur chimiste, il découvre, en 1938, l'utilisation de l'eau lourde pour le freinage des neutrons avec Helbronner. Ils réalisent ensemble la première synthèse d'un élément radioactif naturel: le polonium.

En 1950, il invente le refroidissement électronique des réacteurs nucléaires et en 1955 le réacteur nucléaire sous-critique sans modérateur. En 1940, il organise un réseau de renseignements scientifiques et s'occupe de la récupération et du transfert de l'eau lourde de Norvège vers l'Angleterre. Ses ouvrages l'ont fait connaître du grand public.

Membre de l'Académie des Sciences de New-York, il devint, sous la plume de Hergé, un des personnages de Tintin depuis «Vol 714 pour Sidney» sous le pseudonyme de Mik Esdanitoff. Jacques Bergier est également un auteur qui s'est passionné pour le paranormal et les sciences parallèles. Avec le groupe INFO, il publie «Le livre de l'inexplicable» (1972), un ouvrage dans la lignée du livre de Jacques Vallée: «Le collège invisible».

Jacques Bergier est mort à Paris le 23 novembre 1978.

Albin Michel - Les chemins de l'impossible

Les civilisations disparues
Les extra-terrestres parmi nous
Les êtres étranges - Phénomènes fortéens



Jacques Vallée: Un "cerveau"

Jeudi 27 avril 2006

«Ce que j'adore à Silicon Valley (1), c'est ce sentiment d'imminence. Vous avez une idée le soir, au petit déjeuner vous réunissez vos amis pour en discuter... Au déjeuner, vous avez un design et le soir vous avez créé une société. Il y a vraiment un sens de l'urgence: si on a une idée, il faut la réaliser tout de suite.»

Jacques Vallée est un astrophysicien et inventeur français exilé aux USA au début des années 1960. Il a travaillé entre autre pour la NASA (programmes Gemini et Apollo). Il est le co-inventeur de l'Arpanet qui deviendra l'Internet.

1) «Silicon Valley»: Pôle unique au monde où sont regroupées les industries de haute technologie situé au sud de la Baie de San Francisco en Californie. Le nom «Silicon Valley» fut inventé en 1971 par un journaliste. "Silicon" en anglais signifie "silicium", élément chimique de base des pièces électroniques.


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