Saint-Exupéry nous décrit sa
conception de la vie. C'est une invitation à
retrouver l'enfant qui est en nous, car "toutes les grandes
personnes ont d'abord été des enfants mais peu
d'entre elles s'en souviennent"... Le narrateur, Antoine de
Saint-Exupéry, est un aviateur qui, à la suite
d'une panne de moteur, a dû se poser en catastrophe
dans le désert du Sahara et tente -seul- de
réparer son avion. Le lendemain de son atterrissage
forcé, il est réveillé par une petite
voix qui lui demande : «S'il te plaît...
dessine-moi un mouton !» Surpris par cette apparition,
l'aviateur obéit, mais aucun de ses moutons ne
convient au Petit Prince. Excédé, le narrateur
dessina la caisse du mouton : «Ça, c'est la
caisse. Le mouton que tu veux est dedans...». Le Petit
Prince est enfin satisfait mais remarque que le mouton s'est
endormi. Chaque jour, le Petit Prince raconte son histoire
au narrateur: Il vit sur une autre planète,
l'astéroïde B-612, à peine plus grande
qu'une maison. Son astéroïde avait
été découvert par un astronome turc que
personne n'avait pris au sérieux à cause de
ses vêtements traditionnels. Il a alors refait sa
conférence en costume cravate, il a cette fois-ci
été longuement applaudi. Le Petit Prince
s'occupe surtout à ramoner les volcans et à
couper les baobabs pour qu'ils n'envahissent pas sa
planète. Une aquarelle montre une planète
rendue inhabitable par trois baobabs qu'on a trop attendu
à couper. Le dessin semble effrayant, il est
"animé par un sentiment d'urgence", les trois forces
de l'Univers, le message symbolique quant à la
vigilance envers les baobabs et les volcans -même
éteints- à surveiller est très clair.
Lorsqu'il a terminé, le Petit Prince contemple un
coucher de soleil -son astéroïde est si petit
qu'il lui suffit de se déplacer de quelques
mètres pour cela-. Il peut admirer jusqu’à
quarante-trois couchers de soleil à la suite.
Le Petit Prince assista à la naissance d'une rose
superbe, orgueilleuse, coquette et exigeante. Il
découvrit que l'amour peut avoir des épines.
Il décida de quitter sa planète et d'aller
explorer les étoiles pour y chercher des amis. Il a
rencontré, murés dans leur solitude, de
nombreux personnages: le monarque d'un empire factice ne
voyant en lui qu'un sujet, le vaniteux le voyant comme un
admirateur, le buveur qui boit pour oublier qu'il boit, le
businessman propriétaire d'étoiles, l'allumeur
de réverbère et le géographe
écrivant d'énormes livres qui, au
désarroi du Petit Prince, ne décrivent pas les
choses importantes de la vie, mais uniquement les choses
répétées (programmées, ndlr)...
Toujours en quête d'amis, le Petit Prince arrive sur
Terre. Il découvre encore la solitude et
l'absurdité de l'existence: le serpent ne parlant que
par énigmes, une fleur à trois pétales.
Il arrive dans un jardin de roses et se rend compte que sa
fleur n'était pas unique, il est bien malheureux.
Puis, il rencontre un renard qui lui explique ce que
signifie "apprivoiser". Le Petit Prince découvrit la
profondeur de l'amitié: «On ne voit bien qu'avec
le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux... Tu
deviens responsable pour toujours de ce que tu as
apprivoisé... C'est le temps que tu as perdu pour ta
rose qui rend ta rose si importante... Droit devant soi, on
ne peut pas aller bien loin...» Le Petit Prince avait
rencontré un aiguilleur et un marchand avant de
rencontrer l'aviateur avec lequel il restera huit jours.
Guidé par le Petit Prince, l'aviateur
(1)
découvre un puits dans le désert: «Ce qui
embellit le désert, c'est qu'il cache un puits
quelque part» lui dit le Petit Prince. Il expliqua au
narrateur qu'il est arrivé sur Terre depuis
près d'un an: «Je dois rentrer sur ma
planète pour m'occuper de ma fleur dont je me sens
désormais responsable...» Il ne peut en revanche
pas emporter son corps trop lourd et le serpent qui parle
toujours par énigmes et qu'il libère. Le Petit
Prince revint avec l'aviateur sur le lieu où il
était arrivé, «il tomba doucement comme
tombe un arbre, cela ne fit même pas de bruit à
cause du sable...» Le petit prince sourit, il rira
éternellement dans les étoiles selon
Saint-Exupéry.
Antoine de Saint-Exupéry aurait aimé commencer
cette histoire à la façon des contes de
fées. Lors de sa parution, Le Petit Prince n'a pas
reçu l'accueil de "Terre des hommes" ni de "Pilote de
guerre" (considéré comme «la meilleure
réponse que les démocraties aient
trouvée à "Mein Kampf"»). Malgré
sa chevelure dorée, son écharpe d'aviateur et
son rire d'enfant, le Petit Prince est grave. Il a vu le
jour en temps de guerre, un dessin terrifiant d'une
planète envahie par trois baobabs que l'on n'a pas su
couper à temps, réalisé «avec le
sentiment de l'urgence», peut faire penser aux trois
puissances de l'Univers. Le Petit Prince a fait son
apparition aux États-Unis en 1942.
Saint-Exupéry y pensait depuis plus de sept ans
déjà. Certains y ont vu comme une
"autobiographie discrète". "Terre des hommes" est
paru en 1935. Dans le train qui le conduit à Moscou,
Saint-Exupéry rencontra un couple d'ouvriers:
«Entre l'homme et la femme, l'enfant, tant bien que
mal, avait fait son creux et il dormait. Il se retourna dans
son sommeil, et son visage m'apparut sous la veilleuse... et
je me dis, "voici un visage de musicien, voici Mozart
enfant"... Les petits princes des légendes
n'étaient point différents de lui...» Le
personnage était là. Le 29 décembre
1935, Saint-Exupéry assure la liaison
Paris-Saïgon, son avion s'écrase le 31
décembre dans le désert de Libye. C'est une
caravane de nomades qui va le sauver, la rencontre
"tombée du ciel" es née. Le roman a
été initialement publié à New
York. L'édition française fut ensuite
tirée par retramage des gravures, les originaux
n'étaient plus disponibles. Un nouveau tirage au
début du XXIe siècle restitua enfin dans une
édition française les illustrations à
partir des originaux. Plusieurs dessins des éditions
françaises avaient été remaniés
d'office par l'éditeur pour des raisons de mise en
page (l'astéroïde visé par l'astronome
par exemple).
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