Mais
il ne portait que sur le premier étage, le Blue
Streak (un missile balistique du Royaume-Uni), les
étages français et allemands n'en étant
encore qu'au stade de l'étude. Les premiers
lancements sont repoussés en 1970. Un
quatrième étage est inclus dans les
développements pour permettre l'atteinte de l'orbite
géostationnaire. En juin 1966, le Royaume-Uni,
irrité par les dépassements budgétaires
et la volonté de la France de substituer Kourou
à Woomera comme base de lancement réduit sa
participation de 38,79 % à 27 % après avoir
menacé de se retirer. Les premiers essais de
l'étage français Coralie est lancé avec
uniquement un troisième étage inerte.
Après 2 échecs en 1966 et 1967, deux
lancements de la fusée Europa complète ont
lieu en 1967 avec un troisième étage inerte.
Nouveaux échecs, l'étage Coralie refuse de
s'allumer. Après 10 lancements ratés, le
programme Europa-1 est arrêté. Le Royaume-Uni
et l'Italie quittent le projet en 1969. La version Europa-2
est mise en chantier par la France et l'Allemagne. Son
premier et seul lancement depuis la base de Kourou en
novembre 1971 est un échec. Le programme Europa-2 est
arrêté. Une troisième version, la
fusée Europa-3, est étudiée au
début des années 1970. Après plus de
trois ans de recherche, le projet est abandonné.
Toutefois, les travaux effectués sur le premier
étage serviront à l'élaboration du
lanceur européen Ariane.
Malgré les
échecs des fusées Europa-2 et Europa-3, la
France propose un lanceur issu de la fusée
française Diamant L3S. Le lancement du projet a eu
lieu fin 1973 après des négociations entre la
France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Les Britanniques
préféraient financer leur satellite maritime
Marots, les Allemands leur module Spacelab emporté
par la navette spatiale américaine. La France accepte
de prendre en charge 60 % du budget et s'engage à
payer plus de 120 % tout dépassement du programme. En
contrepartie, le développement sera français:
L'agence spatiale du CNES et l'Aérospatiale. Ariane
vient du nom de l’héroïne de la mythologie
grecque.
La première
fusée Ariane-1 comporte trois étages et mesure
47 mètres de haut, pèse 210 tonnes et,
grâce à sa poussée de 240 tonnes, peut
placer en orbite géostationnaire des satellites de 1
700 kg. La base Kourou, déjà utilisée
pour le dernier tir de la fusée Europa, est retenue
comme centre de lancement de la nouvelle fusée, on y
aménage l'ensemble ELA-1. Le 24 décembre 1979,
après plusieurs tentatives ratées, Ariane-1
effectue un vol réussi. Le 23 mai 1980, le
deuxième vol est un échec. Le lanceur est
détruit après 104 secondes de vol. Le 5e vol
est un nouvel échec. Les 6 derniers vols du lanceur
Ariane-1 ont lieu entre 1983 et 1986 et sont réussis.
Le troisième étage est allongé de 1,2
mètre et emporte 2 tonnes d'ergols de plus. Deux
propulseurs d'appoint à poudre de 9,7 tonnes
fournissant pendant 29 secondes une poussée
supplémentaire de 66 tonnes sont accolés
à la version Ariane-3. Ariane-3 effectue son premier
vol le 4 août 1984. Ariane-3 volera 10 fois jusqu'en
1988 avec un échec en 1985. Elle emmènera 2
satellites géostationnaires à chaque fois. En
octobre 1981, l'agence spatiale européenne
décide de développer une version plus
puissante. Ariane-4 comporte un premier étage
allongé qui lui permet d'emporter 226 tonnes
d'ergols. Les moteurs Viking ont une puissance
légèrement supérieure. Des propulseurs
d'appoint peuvent être associés au premier
étage utilisant un moteur Viking consommant les
mêmes carburants que les premier et deuxième
étage. Le lanceur est commercialisé dans 6
configurations différentes: 0, 2 ou 4 propulseurs
d'appoint et des propulseurs à poudre ou liquide. La
version Ariane-4 peut placer de 2 à 4,3 tonnes en
orbite géostationnaire.
En août 1981, l'ESA
autorise l'édification d'un deuxième complexe
de lancement, ELA 2. Un bâtiment d'assemblage est
construit à 1 km de l'aire de lancement et la
fusée est amenée sur le lieu de
décollage sur une table de lancement qui se
déplace sur des rails. Le premier lancement
d'Ariane-4 a lieu le 15 juin 1988. Ariane-4 sera
lancée 116 fois entre 1988 et 2003 avec 3
échecs. Le lanceur a lancé 186 satellites. La
décision de construire le lanceur Ariane-5 est prise
le 31 janvier 1985. Ariane-5 devait lancer la navette
spatiale européenne Hermès
(abandonnée). En 1995, il fut donc
décidé que le lanceur Ariane-5 prendrait le
relais d'Ariane-4. Les principaux pays contributeurs sont la
France, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, l'Espagne, les
Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Le lanceur Ariane-5
a une poussée de 1 200 tonnes au lancement obtenue
par deux gros propulseurs d'appoint à poudre (EAP).
Le premier étage (EPC) est propulsé par un
moteur-fusée Vulcain consommant un mélange
hydrogène/oxygène. Cet ensemble peut
être surmonté d'un étage à
propergols hypergoliques réallumables (EPC) ou d'un
étage cryogénique plus puissant mais non
réallumable (ESC). Le corps central du lanceur a un
diamètre de 5,4 mètres qui permet d'adapter
dans la coiffe des charges utiles importantes. Plusieurs
coiffes sont disponibles. Pour lancer Ariane-5, les
installations de kourou, ELA-1 et ELA-2, ne sont plus
adaptées au nouveau lanceur. Des bâtiments
permettant l'assemblage des propulseurs d'appoint, du
lanceur et de sa charge utile sont édifiés et
reliés entre eux par une double voie ferrée
sur laquelle la fusée et ses composants circulent. Un
bâtiment permettant de préparer plusieurs
satellites est également construit. Une nouvelle aire
de lancement est édifiée. Le complexe ELA-3
remplace les installations existantes qui doivent être
désaffectées après le tir de la
dernière fusée Ariane-4. Une usine est
construite près de la zone de lancement pour les
propulseurs d'appoint (EAP) qui sont ensuite
assemblés dans un autre bâtiment.
Ariane-5 est
lancée en juin 1996. Le vol V-87 est un échec.
Le deuxième vol est raté, l'orbite
visée n'est pas atteinte. En attendant, Arianespace
doit passer commande de lanceurs Ariane-4. Le
problème se reproduira au 11e lancement, on va et va
même utiliser des Ariane... "génériques"
! En 2002, le lancement de la version ECA est
également un échec. Cette version a
volé à nouveau en 2005. Entre 1979 et 2009,
Ariane a lancé environ 300 satellites de plus de 100
kg et 236 satellites de télécommunications en
orbite géostationnaire (81 américains, 69
européens et 49 asiatiques). Ariane a
également été utilisée pour
lancer 13 satellites scientifiques du type des
télescopes Herschel et Planck, 3 sondes spatiales du
type Rosetta, 5 satellites d'observation du type des
satellites Spot, 8 satellites météorologiques,
18 satellites militaires du type des satellites Helios. Pour
des raisons de coût, la majorité des satellites
scientifiques européens sont lancés par des
fusées russes, mieux adaptées pour les
placements en orbite basse.