Maureillas comprend la commune de
Saint-Martin-de-Fenollar (14 décembre 1822).
Maureillas a fusionné avec Las Illas et
Riunoguès en 1972 pour former une nouvelle commune:
Maureillas-las-Illas (20 juin 1972). Le nom de la commune en
français vient du catalan "Les Cluses". La commune
s'appelait L'Écluse jusqu'au 19 novembre 1984. Le nom
"Les Cluses" vient de "clusa" qui signifie "verrou". Pendant
la période romaine (vers -118 avant J-C), Claususrae
se situait sur la Via Domitia. Les Cluses devient une
commune en 1790. Le 1er février 1837, Les Cluses a
fusionné la avec la commune de L'Albère pour
former Le Perthus. Les Cluses redevient indépendante
le 29 novembre 1837. Le 29 avril 1851, un morceau de
territoire lui fut amputé (ainsi qu'à la
commune de L'Albère) afin de former
définitivement la nouvelle commune du Perthus. La
fusion a été définitivement
validée le 12 octobre 1976. Normalement, pour aller
au Perthus, on prend la D900 (Perpignan) ou la D13B
(Maureillas-las-Illas). Et nous voilà
engouffrés sur une petite route de montagne dont je
devinais déjà les précipices
redoutables. La montée a plutôt bien
commencé, après un pont où il a
naturellement pris Nounours en photo, au premier croisement,
mon pilote me hurla: «T'as vu ce panneau Nounours ? On
y va ?» - «Continue à photographier les
ponts et laisse ça de côté. Non
mais...» Là, les choses se sont corsées.
Il faisait horriblement chaud et il y avait un vent assez
fort. Or, la route longe des précipices de plus en
plus redoutables. Inutile de vous faire un dessin, regardez
simplement le diaporama. Nous avons vu deux voitures de
croiser devant nous, hallucinant. Il a stoppé la Kawa
et a laissé les voitures se croiser et ça en a
mis du temps.
Nous arrivons enfin à Las Illas. Pourrait-on imaginer
que là-haut, en pleine montagne, il y a un si joli
hameau ? Je croyais qu'on roulait d'habitude sur ces ponts
enjambant les torrents... «T'as envie de voir un pont
du dessous Nounours ?» - «Tu aurais
peut-être dû le laisser aller voir les nudistes
mon brave Nounours...» me suis-je murmuré. Nous
continuâmes à monter jusqu'au bout du hameau,
il n'y avait apparemment plus de route, nous fîmes
donc demi-tour et nous redescendîmes vers Maureillas.
«Tu as vu le panneau ? C'est là, pile en
dessous. Tu ne veux pas y aller ?» - «Laisse
tomber Nounours. Je suis trop déglingué
maintenant...» En effet, je ne l'ai jamais vu avoir
autant de mal pour descendre et remonter sur la moto. Et se
désaltérer avec du soda bouillant, ça
ne rafraîchit guère... Revenus au croisement de
Maureillas, il voulut encore prendre une autre route, vers
Riunoguès. Je l'ai sermonné: «Tu as pris
un sacré coup de soleil cher pilote... Allons au
Perthus avant que tout soit fermé par ce fameux
raccourci...» - «Je crois que tu as raison
Nounours...» Nous prîmes donc enfin la route de
La Cluse-Basse, nous arrivons au passage à gué
et au Mas d'en Forcade, nous sommes déjà au
croisement de la D900 (Perpignan, Le Boulou) quasiment
à la hauteur du Laëtitia. Il ne nous reste plus
que 3 km et nous sommes au Perthus. Mon pilote alla acheter
deux autres bouteilles de soda (frais), il but un bon coup
et nous redescendîmes vers le Laëtitia jusqu'au
croisement de La Cluse-Haute. «Pourquoi bifurques-tu
à droite ? Le croisement de La Cluse-Basse, c'est
plus bas et à gauche !» - «Nous allons
visiter La Cluse-Haute Nounours...» Nous nous
arrêtâmes au village sur un très joli
pont et il me dit: «Regarde cet écriteau
Nounours. Il indique: "église Sainte-Marie" et "Via
Domitia"... Nous y allons...» Par le Grand Grizzly, la
route est encore plus vertigineuse que la
précédente à Las Illas. Nous survolons
(et ce n'est exagéré) la D900 (Le Boulou, Le
Perthus). De l'autre côté, on voit Céret
jusqu'au Boulou et la Méditerranée. La route
est impressionnante, les précipices aussi. Nous
commençâmes à voir les ruines, il
arrêta la moto tout près, il n'avait plus loin
à marcher pour aller les visiter mais c'est
très chaotique, plein de rochers et sur des
monticules. «Au stade où j'en suis, si je rends
l'âme ici, enterre-moi dans les ruines avec les
Wisigoths et des Romains....» - «Et je rentrerai
comment, moi ?» - «Tu vois Nounours, tu devrais
apprendre à piloter la Kawa...»
Encore plus haut, nous arrivâmes à
l'église Sainte-Marie-de-la-Cluse-Haute (du Xe
siècle) et à l'autre bout du hameau (à
je ne sais combien de kilomètres du bas) en longeant
l'autoroute de Barcelone au sommet du massif. C'est
totalement hallucinant. Une autoroute passant au sommet
d'une montagne sur des viaducs à vous couper le
souffle à côté d'une voie romaine, de
ruines romaines et d'une église du Moyen-Âge,
il n'y a que dans les Pyrénées-Orientales
qu'on peut voir ça. Mais pour le raccourci, nous
avons fait trois fois plus de kilomètres -pour aller
chercher des cigares au Perthus- qu'en passant par Le
Boulou. Le pire, c'est qu'il n'en a fumé aucun durant
toute notre épopée. Au sommet, nous aurions pu
prendre l'autoroute, notre petite route sinueuse passait
juste à côté. C'est là qu'il fit
demi-tour, «Nous retournons au Perthus Nounours.
Souviens-toi, nous avions déjà fait ce
tronçon dans l'autre sens. Regarde, nous sommes tout
près de la pyramide...» Nous aurions
été plus vite en retournant au Perthus mais il
voulut absolument redescendre cette route survolant
littéralement par endroits la D900 (la route
"normale" du Col du Perthus).
Où
étions-nous exactement ? À plusieurs
époques en même temps. Sur les ruines d'une
forteresse datant des Wisigoths et des Romains. Des vestiges
de fortifications romaines comprenant le fort de La
Cluse-Haute sur la rive de la rivière Rome. Le
château "des Maures" ou "castell dels Moros" qui
dominait la Via Domitia (voie romaine), le château
avait une forme de trapèze de 80 mètres de
large et 140 mètres de long et comportait 3 tours
carrées. La porte des Cluses se trouvant sur la Via
Domitia (voie domitienne). L'église
Sainte-Marie-de-la-Cluse-Haute, un joyau de l’architecture
préromane et romane, fut construite au Xe
siècle, elle se compose de trois nefs
voûtées en plein cintre outrepassé
s’ouvrant sur trois absidioles semi-circulaires
voûtées en cul-de-four. Une arche subsiste
à l'extérieur. Au sommet, j'ai cru que mon
pilote voulait emprunter la Via Domitia (voie romaine) dont
nous avions visité un tronçon au site de
Panissars (Trophée
de Pompée).
En 71 avant J-C, le site de Panissars ("Summum Pyrenaeum")
était le point de jonction de la Via Domitia
(1)
et de la Via Augusta. Les Romains sont arrivés en
Espagne vers 218 avant J-C. La Via Augusta (reliée
à la Via Domitia) allait de Cadix à Rome (2
725 km). Les routes et les autoroutes construites par la
suite suivent le tracé des voies romaines. Au sommet,
nous étions pile à côté de
l'autoroute A9 Perpignan / Barcelone, dans les ruines de la
forteresse datant des Wisigoths et des Romains, des vestiges
des fortifications romaines, le fort de La Cluse-Haute et du
château "des Maures" ou "castell dels Moros" sur la
Via Domitia (voie romaine) dont l'autoroute longe
effectivement le tracé. C'est totalement
surréaliste. Il y a également des vestiges
préhistoriques. Normalement, mon pilote devait
chercher le dolmen de la Siureda datant de la
préhistoire, nous le chercherons une prochaine fois.
J'ai voulu poser devant un étrange -et insolite-
panneau de circulation: "Via Domitia" avec un char romain
dessiné dessus. Mon chevalier romain avait
acheté des prunes au Perthus pour se
réhydrater. Au bout de quelques kilomètres,
sous cette chaleur infernale, les prunes étaient
cuites. Mon pilote également.
(1)
La voie Domitienne
(Via Domitia) est une voie romaine construite à
partir de 118 avant J-C pour relier l’Italie à la
péninsule Ibérique en traversant la Gaule.
Selon la légende, la voie Domitienne reprendrait un
itinéraire créé par
Héraclès (Hercule), la voie
Héracléenne. La Via Domitia a
été construite afin de rendre cohérent
un réseau de voies existantes à l’instigation
du général romain Cneus Domitius Ahenobarbus
dont elle porte le nom. Cette route devait assurer les
communications avec Rome et permettre l’installation et la
circulation de garnisons protégeant des villes
devenues romaines. Bien que destinée à la
circulation des légions romaines, elle fut rapidement
empruntée par les marchands. Plus tard, ce sont les
fonctionnaires de la République de Rome puis de
l’Empire qui l’utilisèrent. Le tracé de la Via
Domitia est presque rectiligne sur des terrains solides.
L'observation des cartes topographiques révèle
le parcours qu'elle empruntait. Les routes modernes
empruntent encore souvent le tracé de la Via Domitia.
Dans les villes qu’elle traversait, elle était
pavée ou dallée. La voie était
ponctuée de bornes correspondant à nos actuels
panneaux, indiquant les distances entre la borne et les
villes voisines. Plus de 90 bornes ont été
recensées sur le tracé de la Via Domitia.
Quand la voie entrait dans une ville, elle traversait
généralement une enceinte en passant sous une
porte ou un arc de triomphe.
Le jeudi 15 août 2013, nous sommes allés
à Riunoguès. Nous cherchions le dolmen de
Siureda, nous avons trouvé un petit sentier de
randonnée à Riunoguès, impraticable
même avec la Kawa Eliminator de Nounours. 3 heures 40
de marche, impossible pour mon pilote. Il doit y avoir un
autre chemin carrossable menant assez près du dolmen
et de la Tour Bel-Oeil. Nous avons donc visité ce
hameau attaché à Maureillas, dans le massif
des Albères, et la chapelle Saint-Miguel de
Riunoguès (Saint-Michel de Riunoguès).
L'église est dédiée à Saint
Michel, il s'agissait autrefois d'une paroisse
indépendante mais depuis 1972, la commune a
fusionné avec celle de Maureillas. L'église
Saint-Michel de Ruinoguès est une église
pré-romane composée d'une nef unique
terminée par une abside rectangulaire. Elle contient
un retable de Saint-Michel datant de 1739. L'église
Saint-Michel date des IXe et Xe siècles, avec une
toiture recouverte de grosses dalles grises (une
rareté). Elle abrite le "Banc de justice" et un
curieux retable sculpté de 1739. L’église,
mentionnée trois fois au Xe siècle, est
classée monument historique depuis le 14
février 1989... Par la route "normale", pour aller
d'Arles-sur-Tech à Maureillas-las-Illas, il y a 19
km. Ce jeudi, nous avons fait environ 100 km en passant par
Céret, le massif des Aspres, le Col de Llauro, Oms et
Taillet pour revenir à Reynès situé
à 6,5 km de Céret. Comme nous perdons beaucoup
de temps pour prendre des photos, pour visiter les
églises, les ponts, les chapelles et les
lamas, pour nos
arrêts boisson et grignotage, en ayant
démarré à 10 heures d'Arles-sur-Tech,
nous sommes rentrés vers 20 heures à mon
fan-club: Le Fan-Club de Nounours au bar Le Central à
Arles-sur-Tech. Mais c'est ça les balades
"découverte". 30 photos de Riunoguès ont
été ajoutées au diaporama "Via Domitia
- Las Illas - Les Cluses".
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