Quelques mois après son arrivée
sur Mars, Curiosity a confirmé la présence
d'une ancienne rivière révélée
par la présence de conglomérats de cailloux
polis. Le rover Curiosity avait effectué un forage de
6 à 7 cm de profondeur afin de
récupérer un peu de roche. Analysée par
les instruments SAM et CheMin, il s'avère que cette
poudre grise-verdâtre (et non rouge comme à la
surface) contient des argiles. La roche est donc un
sédiment aqueux constitué de particules qui se
sont déposées en couches successives dans de
l'eau. Le laser ChemCam a également permis de
détecter la présence de veines de gypse, un
matériau qui se forme par la cristallisation du
calcium dans les fissures de la roche lorsque de l'eau y
circule longuement. Ajoutons la présence d'un
dépôt sédimentaire de grains très
fins, caractéristique d'une décantation
lacustre. D'après le planétologue Michel
Cabane, «Tous les éléments chimiques
nécessaires à l'apparition de la vie
étaient présents sur Mars...» Pour
Nicolas Mangold, géologue au LPG (université
de Nantes - CNRS), «Ce faisceau de preuves nous permet
d'affirmer avec certitude qu'il y avait bien un lac à
cet endroit précis... En revanche, il nous est encore
impossible de déterminer précisément
quand il a vu le jour, ni combien de temps il a
existé...» Cet ancien lac pourrait s'être
formé n'importe quand il y a 3,6 milliards
d'années (date de formation du cratère de
Gale) et il y a 3 milliards d'années (Mars n'avait
plus l'atmosphère nécessaire pour retenir
l'eau liquide). Il aurait pu perdurer une centaine voire
quelques dizaines de milliers d'années et même
plus.
Cela aurait-il suffit pour que la vie apparaisse ? Michel
Cabane, planétologue, est assez flou: «Nous n'en
avons aucune idée... Mais nous savons que tous les
éléments chimiques nécessaires,
carbone, hydrogène, oxygène, phosphate,
soufre, étaient présents et que le pH de l'eau
était relativement neutre.» Des minéraux
soufrés sous des formes d'oxydation variables
auraient pu servir de sources d'énergie à des
bactéries primitives. Curiosity n'a encore
trouvé aucun vestige de chimie organique complexe
indispensable à l'apparition de la vie. Pour Michel
Cabane, «Trouver des briques élémentaires
de cette chimie est la prochaine étape... Nous
rencontrons toutefois un problème: il y a du
perchlorate partout. Cette molécule détruit
les molécules organiques dès qu'on les chauffe
ensemble. C'est malheureusement ce qui se passe dans le
petit four d'analyse de Curiosity...» Selon les
scientifiques, des différences très nettes
entre des sables inertes et ces roches sédimentaires
potentiellement riches de matière organique ont
été observées. Michel Cabane est
prudent: «Nous avons encore beaucoup de mal à
interpréter ces résultats... Cela ne veut rien
dire pour le moment.»
En démontrant que Mars a été propice
à la vie dans le passé, Curiosity a
déjà rempli sa mission principale. Le rover se
dirige maintenant vers les pentes du Mont Sharp. Les
géologues attendent beaucoup de cette prochaine
étape pour affiner leur compréhension de Mars.
Ils espèrent effectuer une datation plus
précise des événements
géologiques de Mars. Il pourrait même y avoir
une continuité des couches géologiques avec
Yellowknife Bay. L'âge du premier lac
décelé sur Mars pourrait alors être
déterminé de manière plus
précise. Dans un petit film d'animation, la NASA a
retracé l'évolution possible de la
planète Mars depuis sa formation jusqu'à
à nos jours sans fixer de repères
chronologiques. On remarque que la planète
était probablement recouverte d'eau il y a 4
milliards d'années. Puis, elle s'est
asséchée peu à peu pour prendre la
teinte orangée qu'on lui connait aujourd'hui,
témoin de son atmosphère très
oxydante... Ceci nous ramène à ce que j'ai
découvert en 1998 (1) mais sommes-nous prêts pour admettre une
telle éventualité ? Non, car l'humanité
en est encore à l'époque de Galilée, il
serait impossible d'imaginer que la vie soit apparue
ailleurs que sur Terre et le jour où la vie ne sera
plus possible sur Terre, il n'y aura évidemment plus
de vie nulle part dans les Univers (le
Multivers).
Pour pouvoir éventuellement trouver des traces d'une
civilisation disparue sur Mars, il faudrait pouvoir
étudier toute la planète et en forant bien
plus que 6 à 7 cm de profondeur or le robot (rover)
Curiosity ne peut se déplacer que dans un minuscule
périmètre sur Mars autour du cratère de
Gale. Imaginons qu'un robot étudie la Terre au cœur
d'un petit périmètre dans un désert, il
en déduirait que la vie n'existe pas sur
Terre.
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